Publié le 1 Novembre 2012

 

En ce jour de Toussaint, il n'est nul besoin impératif de se pencher sur une quelconque pierre pour retrouver les êtres qui ont parsemé notre vie. Souvenons-nous en au plus profond de nous et, pourquoi pas, écrivons...

 

Oma et opa

                                                                     Opa et Oma

 

(texte déjà publié en février 2012 )

J'ai douze ans et demi. J’ai douze ans et demi et j’ai peur, une peur viscérale qui me tord l’estomac et bloque ma respiration. J’ai mal aussi, d’une douleur si intense qu’elle m’empêche de pleurer. J’ai douze ans et demi et je viens de quitter définitivement l’enfance.

Je suis couchée dans le lit de mes parents, à la place de maman restée au hameau pour veiller mon grand-père. Mon père à mes côtés s’est endormi, ma main serrée dans la sienne, si puissante, si forte, chaude de vie. Comment peut-il dormir aussi sereinement après ce qui s’est passé ? Moi, j’en suis sûre, je ne dormirai plus de toute ma vie.

La lampe de chevet est restée allumée à ma demande et elle jette des ombres fantomatiques sur les murs. Mais peu m’importe, il ne faut surtout pas laisser entrer l’obscurité cette vile traîtresse. Pour ne pas penser, ne pas sombrer, j’observe la pièce sous cet angle inhabituel. La garde-robe avec son grand miroir central, le seul de la maison à refléter nos silhouettes de pied en cap, se dresse massive à ma droite. Et je me revois enfant, il y a si longtemps de cela, admirant mon déguisement de carnaval ou tourbillonnant dans une jolie robe neuve faite de volants légers gonflés par un jupon empesé.

Mes yeux à présent suivent le tapis mural. J’en dénombre les fleurs, dix jusqu’à l’angle du mur puis huit et je rencontre l’armoire à pharmacie. Une puissante odeur, mélange subtil de camphre, d’éther et de fleurs de camomille, envahit aussitôt mes narines. Elle évoque tous les petits bobos, les nez qui coulent et les tasses de lait chaud aromatisé de miel.

Comme en écho à mes pensées, un de mes frères se met à tousser dans la chambre voisine. Il se retourne dans son lit et le sommier gémit. Peut-être est-il éveillé lui aussi ?

Tic, tac, tic, tac ! Mis à part le réveil qui égrène les secondes, tout redevient calme quand soudain mon coeur s’emballe. Mon regard vient de happer le coffret de bois posé sur la tablette en marbre de la commode. C’est un petit coffret vernis, tout simple, avec de jolies fleurs ciselées sur le couvercle. Maman y range quelques papiers, ses boucles d’oreilles et son collier de perles qu’elle ne porte qu’aux grandes occasions. Mon ventre se contracte tant cet objet me ramène à ce que je veux éloigner de moi, ignorer, renier. Ce coffret, c’est mon grand-père qui l’a réalisé dans son vieil atelier, là où nous jouions avec nos cousins et cousines, parmi les copeaux et dans la bonne odeur du bois frais.

Il faut que mon coeur se calme. Je calque ma respiration sur celle de mon père, respirer, expirer, ne pas penser. Et si mon père lui aussi … ? Je l’observe un moment, j’aimerais tant qu’il me parle. Tout à l’heure, quand je me suis glissée à ses côtés, il n’a rien dit mais son regard bienveillant m’a fait comprendre que lui aussi a de la peine.

Je dénombre à nouveau les fleurs, en diagonale, à la verticale, à l’horizontale. Je fais de savants calculs, autant de bleues, autant de roses, je m’emmêle et recommence. De la maison de notre vieux voisin collectionneur, me parviennent les sonneries des horloges, coucous et pendules, le tout ponctué par les deux coups de cloche qui s’envolent du clocher de l’église. Ces sons si coutumiers, cette nuit me déchirent. C’est le glas qui sans cesse résonne en moi.

Mon père se réveille, il me regarde et chuchote « éteins, essaie de dormir », puis il serre ma main plus fort comme pour m’encourager, desserre son étreinte, se retourne et se rendort. Mais je n’écoute pas ses conseils et j’entrouvre doucement le tiroir de la table de nuit. J’en retire le petit flacon mauve de « Soir de Paris » dont je dévisse le capuchon et le parfum de violette fait apparaître le visage de maman. Un visage si triste, celui de tout à l’heure quand elle est venue à l’école. Il était onze heures et j’ai de suite su qu’il se passait quelque chose d’anormal. Et puis ces paroles inattendues, terrifiantes ont franchi ses lèvres : « Bon-papa est mort cette nuit, dans son sommeil …tu sais, il n’a pas souffert, il s’est simplement endormi…dimanche, il me disait encore se sentir comme un poisson dans l’eau »

Je tremble, je frissonne mais mes yeux restent secs, tout entière je ne suis qu’un bloc de glace dur et froid. Non, je ne pleurerai pas, ce serait lui faire trop d’honneur à cette chose ignoble, la mort. Pour moi, en moi, Bon-papa est bien vivant et c’est le plus important. Je dépose le flacon sous la lampe que je frotte au passage. Peut-être un génie va-t-il apparaître et réaliser mon voeu, me rendre mon grand-père ? Hélas, on n’en est plus à l’heure des contes.

… Aladin… le poisson rouge dans son bocal… Bon-papa, viens me montrer, je n’arrive pas à raboter ce bout de bois… ne touchez pas aux scies les enfants ! … savez-vous planter les choux, à la mode, à la mode… on peut avoir un peu de café pour la dînette ? Sourire complice et un peu de bière brune remplit la petite cafetière… Bon-papa, je trouve qu’il ressemble au monsieur à la pipe de la publicité émaillée du tabac Ajax, le plus jeune, c’est oncle Jean ! … j’aime mon cousin, mon cousin, ma cousine, j’aime mon cousin, mon cousin germain… la table des grands, celle des enfants, gâteau de Verviers, tarte au riz, cramique, café léger additionné de chicorée… Noël, la grande crèche digne d’une église… Bonne-maman, petite souris silencieuse au regard si doux… doux comme le coussin en satin rose du vieux sofa… quatre, cinq, six, sept, violettes, violettes…

J’ai du dormir un peu, rêver peut-être ? La chambre est maintenant éclairée par les premiers rayons du soleil qui traversent les fines tentures. J’éteins la lampe, me lève doucement et m’installe sur le large appui de fenêtre, ma cachette préférée quand je jouais à cache-cache. J’aperçois dans les grands prés en contre-bas le fermier qui, aidé par son chien Tobby, rassemble les vaches pour les mener à l’étable. C’est l’heure de la première traite. Ma respiration forme de la buée sur les carreaux, je la frotte avec la manche de mon pyjama, je veux voir le ciel, il est si beau ce matin. Les nuages sont teintés de rouge, ma couleur préférée, la couleur de la vie.

Je les observe mieux et m’aperçois que l’un d’eux a la forme d’un vieux monsieur moustachu avec une pipe à la bouche. Aussitôt toutes mes tensions disparaissent, l’étau qui me broyait se desserre, je peux respirer normalement. Bon-papa, de là-haut, me sourit de ses yeux pétillant de malice et je comprends que le ciel était au bout de sa nuit. Je forme un coeur dans la buée et d’un baiser léger, je lui envoie.

Je regagne alors ma chambre orangée envahie de 45 tours à la mode et de posters détachés dans « Salut les copains » et je me dis que décidément mon enfance est loin, si loin, blottie à jamais au fond de moi.

-------------------------------------------------------------- 

 

  http://www.lirecreer.org/biblio/classiques/demain-des-l-aube/index.html

Voir les commentaires

Publié le 28 Octobre 2012

 
 
Elle était malheureuse ma gazelle. Elle si douce, si gracile dépérissait au fil des jours. Au moindre bruit, elle sursautait et ses oreilles se dressaient, inquiètes. Je la voyais sans cesse sur le qui vive, la peur au ventre et face à ses beaux yeux embués de larmes je me sentais impuissante et abandonnée.
 
Et tout cela à cause d’un buffle mufle !
Oh ! Au début il avait su y faire rien n’était trop beau pour elle, un buisson aux feuilles tendres, un voyage romantique au pied des montagnes, la meilleure place sous les arbres… oui, il veillait à tout pour lui faire plaisir.
 
Mais sa vraie nature avait rapidement repris le dessus et le buffle mufle rentrait de plus en plus tard. Chaque soir, il s’attardait à tous les points d’eau rencontrés sur sa route et s’abreuvait de cloaques glauques qui lui tournaient le sang. Quand enfin il la rejoignait, il l’insultait, soufflait le chaud puis le froid et les coups de ses cornes rendaient la jolie robe de ma gazelle terne ou sanguinolente.
 
Elle, se sentait coupable de cette situation ; c’était de sa faute pensait-elle et elle cachait ses déboires au reste du troupeau. D’ailleurs qui, à par moi, se souciait d’une petite gazelle ?
 
Enfin, les lois de la savane évoluèrent et ma gazelle mieux informée de ses droits déposa plainte auprès du roi Lion. Celui-ci rendit son verdict et intima l’ordre au buffle mufle d’aller brouter et réfléchir dans une parcelle éloignée de la horde. La tête basse, il s’était exécuté.  
Depuis, ma gazelle a repris du poil de la bête et il n’est pas rare de la voir en
compagnie d’un beau zèbre à la longue crinière, un artiste sans doute ?
 
Et moi dans tout cela ? Je continue à l’observer et j’attends le moment où, comme avant, elle me caressera le bout du museau, me tiendra au creux de sa patte et face à son miroir lumineux à l'étrange nom de Pécé, inventera des histoires et recréera le monde à sa manière.
 
S. : Petite Souris  
 
--------------------------
Ma gazelle

Peinture : Ljubomir Milinkov

Voir les commentaires

Publié le 27 Octobre 2012

 

IMG_1890.JPG

Rochers aux flocons d’avoine ou muesli et chocolat
 
Ingrédients pour une trentaine de petits rochers :
 
- 200 gr de flocons d’avoine ou de muesli
- 200 gr de chocolat noir
- 30 gr de cassonade ou de sucre glace
- 1 jaune d’œuf
- 2 c. à soupe d’huile
- 3 c. à soupe de miel liquide
 
Faire fondre le chocolat au four à micro ondes.
Dans un plat mélanger les flocons d’avoine ou le musli, la cassonade ou le sucre glace, le jaune d’œuf, l’huile et le miel jusqu’à imprégnation de tous les flocons.
Intégrer le chocolat fondu à ce mélange.
Bien mélanger puis façonner de petites boules. à l'aide de deux cuillères (éventuellement placer le mélange au réfrigérateur quelques minutes afin qu'il ne soit pas trop collant)
Placer les rochers sur une assiette garnie de papier sulfurisé ou de papier alu et mettre deux heures au réfrigérateur.
Bon appétit !
------------
Pour vous qui passez par ici de temps en temps :
que se passe t'il en cette année 2021 ? clic
 
-------------------------------------
 

Voir les commentaires

Publié le 25 Octobre 2012

 
« Bon voyage ! »
Le ton rauque de la voix d’Adrien me fait sursauter. D’une simple inclinaison de la tête, je remercie mon frère et Adrian de son air renfrogné, véritable marque de son caractère taiseux, me tend alors mon petit bagage. Il ne faut pas tarder, l’embarquement est prévu à 16 heures. Le cœur battant d’excitation, je rejoins le groupe de voyageurs. Nous sommes au nombre de sept, trois femmes et quatre hommes, tous plus âgés que moi.
D’un dernier geste, j’envoie un baiser à Adrian et déjà il se détourne. Je ne lui en veux pas, je le sais malheureux de ne pouvoir m’accompagner. Ce voyage c’était son rêve à lui aussi mais ce bras cassé et mal rétabli l’empêche de tenter le challenge qui nous attend. L’heure n’est pas aux attendrissements pourtant j’aurais tellement aimé le sentir à mes côtés.
 
…………………..
 
Nous roulons depuis des heures. Les conversations du départ se sont petit à petit effilochées et hormis le bruit du véhicule le silence s’est installé. J’essaie en vain de dormir, trop tendue je n’y parviens pas. Ce but à atteindre je l’espère depuis tant de mois. Sou après sou, il m’a fallu épargner longtemps pour pouvoir m’offrir ce voyage et enfin je suis en route. Je vais voir d’autres paysages, connaître des coutumes différentes ; mes pensées se bousculent et me projettent vers ces jours qui m’attendent. Je les imagine heureux, chargés de découvertes intéressantes, de rencontres et de surprises. Tout autour de moi le moteur ronronne, apaisant, tellement apaisant.
Le calme soudain me réveille. Il me faut un moment pour réaliser où je suis. Les femmes chuchotent, je comprends qu’elles espèrent une pause pipi attendue par tous. Le chauffeur déverrouille la porte et nous pouvons enfin nous dégourdir les jambes et nous soulager derrière quelques buissons. Le trafic est fluide à cette heure de la nuit, des camions et encore des camions se dirigent vers la frontière proche à présent.
…………………..
 
Première frontière... traversée d’un pays... seconde frontière… Sous les roues les kilomètres défilent et peu à peu, entre les haltes de repos ou de ravitaillement, je perds la notion du temps. Le chauffeur peu loquace annonce : Germany puis bien plus tard Belgium.
 
« Belgium » !
Tout bas, je répète ce mot que j’ai repéré sur la carte avant le départ. Belgium, petit pays si prêt de notre destination. Bientôt nous serons sur le ferry voguant vers l’England.
J’ai faim, j’ai soif, je me sens crasseuse, mon dos n’est que douleurs mais mon cœur est léger, léger. Adrian sera fier de moi !
 ………………..
 
Le véhicule ralentit, s’arrête et nous entendons des voix proches de nous, trop proches de nous. Le chauffeur discute, sort du camion, ouvre les portes. Silencieux, osant à peine respirer nous sommes tétanisés par l’angoisse. Un chien aboie, ma voisine éclate en pleurs tandis que la cloison nous séparant du reste de la cargaison est déplacée. Tout se passe comme dans un rêve au ralenti, ouaté et totalement irréel. Je vais me réveiller, il le faut. Adrian, l’England…
 
Papiers, passeport, visa ?
Passagers clandestins sans identité, parias venus de l’Est tel est notre nom. Où serons-nous demain ?
 
 
----------------------------------------------------
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Voir les commentaires

Publié le 21 Octobre 2012

 
        Elle avait un air de rien ! A peine celui d’une petite dame sans chichi, mère de famille exténuée de bon matin par une marmaille qui l’avait lessivée dès l’enclenchement du radio réveil.
Après avoir casé les gosses à l’école, acheté un magazine à la librairie du coin, elle m’avait rejoint dans le parc. Moi, le simple banc de bois, je me suis senti le bienvenu, il faut dire que le soleil était de la partie lui aussi. 
 
Rz_77a.jpgElle s’est tout d’abord assise un moment pour récupérer puis elle s’est débarrassée de ses chaussures, a massé doucement un pied, puis l’autre, a soupiré d’aise. A cet instant, j’ai senti que mon attrait était irrésistible et j’en ai pour preuve la volupté avec laquelle elle s’est étendue tout contre moi. Elle a baillé, a gratté son crâne et a commencé à feuilleter la revue. Des pubs, des photos de bagnoles, des conseils pseudos-psychos, un régime amaigrissant pour se préparer à un bel été, des maillots… 
A mon humble avis, rien qui en vaille la peine ; un bon polar lui aurait procuré plus de détente. Enfin…
 
Pour un peu, je la sentais rejoindre les bras de Morphée, un sacré concurrent pour moi ! Alors, sous l’effet des rayons de soleil, j’ai un brin couiné, histoire de l’empêcher de s’assoupir. Nous avons passé ainsi une heure de répit et j’avoue qu’à la fin j’étais las du calme ambiant. C’est que je suis habitué aux papotages des petits vieux ou aux secrets des amoureux, parfois à l’une ou l’autre dispute mais c’est plus rare.
J’étais tout à mes pensées, me demandant quand elle allait enfin céder sa place, histoire de voir ma vie pimentée par d’autres hôtes, quand elle s’est relevée d’un bond, révolver à la main, et a sauté sur un quidam qui passait à proximité de nous. En deux temps, trois mouvements, il s’est retrouvé menotté à une latte de mon dossier et moi, contre la volonté des moindres de mes fibres, transformé en sellette - garde chiourme.
 
Toujours l’arme à la main, elle a enfilé ses chaussures, ramassé le magazine qui déjà s’égayait au vent et elle a confié au petit micro dissimulé sur son chemisier :
- Tout est OK, inspecteur Mambo, le suspect est maîtrisé.
Le suspect et moi, nous n’en menions pas large. Il est fort à parier que nous serons bancals et traumatisés à vie.
 
Comment ne pas avoir des craintes dorénavant ? En qui avoir confiance ?
Vraiment, c’était une petite dame qui avait juste un air de rien ! 
 
 
 
 

Voir les commentaires

Publié le 18 Octobre 2012

 
Ce jour-là, après avoir beaucoup marché, je parvins à une croisée des chemins et je profitai d’un coin agrémenté d’un banc pour m’octroyer une pause afin de soulager mes pieds endoloris. Assise à l’ombre d’un chêne, rassasiée de quelques fruits, j’observai les différentes routes qui se présentaient à moi. Celle de gauche me sembla la plus accueillante et bientôt je me remis en marche dans cette direction.
 
Cependant, après quelques lacets, je me retrouvai dans une contrée étrange où tout était voué à l’apparence. Les personnes que j’y rencontrai étaient superficielles et vaniteuses. Sans cesse, elles admiraient leur reflet dans des miroirs placés un peu partout sur les murs des maisons. Pour elles, seul comptait l’aspect extérieur et moi, vêtue à la diable, les cheveux ébouriffés par le vent, je fus observée avec mépris, nul ne répondit à mes tentatives de dialogue. A la sortie du village, un miroir géant barrait la route, empêchant tout passage. Je rebroussai alors chemin suivie par les regards hautains et dédaigneux de la population. C’est avec un réel soulagement que je quittai ce pays du paraître.
 
De retour au carrefour, j’optai pleine d’espoir pour un autre chemin. Après quelques centaines de mètres, deux gardes vêtus d’uniformes stricts me réclamèrent un droit de passage. Je m’exécutai de bonne grâce, curieuse de découvrir ce qui justifiait cette demande. Hélas, cette vallée avait pour tout but la rentabilité effrénée. Les gens se hâtaient en tous sens, il ne fallait pas perdre une minute de ce précieux temps qui valait de l’argent. Leurs yeux préoccupés me regardèrent sans me voir. Les enfants et les vieillards délaissés et parqués à l’écart comme du bétail avaient un regard si triste que je m’enfuis en courant.
 
Dès lors, il ne me restait plus que une route à découvrir mais elle m’emmena au pays de la jalousie, de l’envie malsaine, de la dénonciation calomnieuse. Les habitants se montrèrent méfiants, ils chuchotaient, toujours sur le qui-vive, et leurs visages portaient les marques de leurs peurs. Moi-même, je me sentis soupçonnée pour je ne sais quelle raison et, mal à l’aise, je fis demi-tour.
 
   Et maintenant Revenue m’asseoir sous le chêne, je fis le bilan de mes déboires quand mon regard fut attiré par l’amorce d’une minuscule sentier caché derrière une touffe de genêts. Une nouvelle fois, la curiosité guida mes pas. L’endroit était sauvage, la végétation faisait comme un écran de protection et pour avancer je dus écarter des branches basses, repousser des ronces ou contourner de grosses pierres. Vraiment, ce chemin se méritait.
 
Et puis vint la récompense, je pénétrai dans une clairière baignée de soleil. Au sol, un tapis de mousse semblait m’inviter au repos et l’air était rempli de chants d’oiseaux. De-ci, de-là, passèrent à ma portée des feuillets couverts de signes. J’en saisis un au passage et je découvris des mots doux comme une caresse, légers comme une plume. Ensemble, ils décrivaient l’amour de la vie.
 
Au bord d’un petit ruisseau à l’eau limpide, des artistes peignaient des tableaux animés ou donnaient vie à des matières les plus variées. Certains jouaient d’étranges instruments dont s’échappaient des mélodies sublimes. Tous me sourièrent, m’invitèrent à partager leur quiétude. Tout ici était harmonie et je compris instinctivement que mon voyage touchait à son terme. Par le plus grand des hasards j’avais enfin atteint mon jardin secret, celui qui depuis toujours était enfoui au plus profond de moi et un sentiment de paix infinie m’enveloppa.
 
-----------------------------------------------------
 

Voir les commentaires

Publié le 14 Octobre 2012

     

     A chacun de ses retours d’Afrique, le rituel était le même, notre père nous emmenait, mes frères et moi, chez monsieur Feys, le photographe de la rue d’Assembourg. La veille, c’était l’effervescence à la maison. Maman ne savait où donner de la tête entre un dernier repassage des habits du dimanche, l’envoi de mes frères chez notre voisin le coiffeur Henri ou la surveillance des bains dans une salle d’eau transformée en étuve. Notre père allait, lui aussi, se faire couper les cheveux mais également tailler la barbe qu’il portait longue et carrée.

Au matin, Papa était le premier à enfiler son costume sous les yeux de Maman qui invariablement grondait : Henri, tu devras bientôt passer chez le tailleur. Vois, tu ne sais plus fermer ton veston. Papa haussait les épaules en disant : Allons Joséphine, j’ai gardé ma taille de jeune marié – et il l’enlaçait. Maman souriait alors d’un sourire un peu crispé, incompréhensible pour moi.

Une fois tout son petit monde inspecté, notre mère faisait ses dernières recommandations : Tenez-vous correctement, ne vous salissez pas… Mais sitôt dans la rue, notre père était tout à nous.

 

- J'arrive à tes épaules à présent, bientôt je serai ingénieur comme toi, disait Jacques.

- J’aimerais faire de la danse classique, je m’exerce à faire des pointes, tentait Daniel.

- Et moi, je veux être peintre, décrétait Luc qui crayonnait sur tout.

- Et toi, ma belle ? demandait mon père

- Institutrice ! Je serai institutrice ! était ma réponse.

 

!cid F627CBA3904C4E8FAD27E6B1274E2E12@AdminPC

Chez le photographe, mon père prenait la pose et nous nous serrions tous contre lui révélant ce besoin que nous avions de le toucher pour effacer le manque ressenti pendant ses longs mois d’absence.

Trois jours plus tard, la photo était installée sur le buffet de la salle à manger et était oubliée jusqu’au départ de Papa qui la glisserait dans ses bagages.

Ses six semaines de repos coïncidaient souvent avec nos vacances scolaires et si nos parents prévoyaient quelques sorties en famille, Papa nous réservait à chacun en particulier une journée ou une soirée pendant laquelle il nous emmenait où nous le désirions. Comme j’appréciais d’être sa petite reine du jour… et souvent c’était le musée ou le zoo qui m’attirait contrairement à mes frères qui ne juraient que par le sport.

 

Nils Dardel - Clic

 

Maman n’était pas oubliée et nous sachant sous la garde de sa sœur Marie, elle se faisait une joie de parcourir en galante compagnie les Galeries Lafayette. Elle était curieuse d'y découvrir les dernières nouveautés puis de dîner dans un bon restaurant avant d’assister à l’un ou l’autre spectacle.

 

Quand sonnait la fin du congé paternel, notre mère, triste que sa santé fragile l’ait obligée à rentrer en Europe avec Jacques tout bébé, préparait les valises les yeux boursouflés par les larmes tandis que Papa n’avait plus que son long voyage et son travail en tête. Après son départ, nous retrouvions, malheureux tous les quatre, notre petite vie calme rythmée par les lettres que nous recevions de notre père et par celles que nous lui écrivions tour à tour formant ainsi une sorte de chronique familiale qu’il conservait précieusement.

Maman, quant à elle, était nerveuse, stressée durant quelques semaines. Aussi le jour où je la surpris à confier par téléphone à Tante Marie : Ouf ! Je respire, je ne suis pas enceinte… je pressentis vaguement qu’elle avait craint d’attendre un nouveau bébé.

 

Le jour de mes quatorze ans, Papa était une fois de plus de retour à la maison mais il n’était pas seul, une petite fille l’accompagnait. Il nous présenta Safy qui se tenait cachée derrière lui, en nous disant que sa mère était morte et que si nous étions d’accord elle serait notre nouvelle petite sœur. Nous avons regardé Maman et elle a souri à Safy comme pour nous autoriser à l’accepter parmi nous. Alors, Papa, le regard embué, a embrassé Maman en lui disant « merci »

 

Safy… quel délicieux prénom, quelle jolie petite sœur café au lait… Safy comme déjà nous l’aimions !

 

Pour Miletune : Clic 

-----------------------------------------------------     

Voir les commentaires

Publié le 10 Octobre 2012

 
 
- Dis, tu me décriras la Lune, la Lune et les étoiles ? Sûr, elles sont si différentes là-bas où le ciel pur révèle leur éclat. Et la montagne et ton refuge perché tout là-haut ? Et tes bonheurs, le lever du soleil, le chant des oiseaux ou une simple goutte d’eau ?
 
Un, deux, trois, ce sera à toi ! La comptine ne trompe pas, tu me diras…
 
- Tu me diras la première empreinte de tes orteils dans le sable blond et les genoux tremblant de retrouver la terre ferme après cette longue traversée.
 
As-tu reçu cet accueil fleuri, ces jolis sourires et ces chants de bienvenue ?
Un, deux, trois, j’imagine ta peau hâlée et tes yeux de braise…
 
- Se peut-il que tu aies cédé sans regret le voilier contre deux mules et des provisions pour tenter un ultime défi ? Tu me diras les sentes sinueuses et malaisées, la faune si particulière, la végétation écrin qui peu à peu fait place au minéral.
 
Un, deux trois, tu me transporteras vers ce plateau loin, si loin…
 
- Y auras-tu enfin découvert cette quiétude espérée ? Auras-tu pu réfléchir au sens profond de ta vie ? Me détailleras-tu ces jours de solitude, ces mois libérateurs de ton besoin d’espace et d’évasion ?
Ton bien-être valait-il ce voyage loin de moi, de nous ?
 
Un, deux, trois, tu te justifieras encore... encore…
 
- Je le sais, tu voudras me confier tout cela à moi ton amour. Et pourtant…
pour t’accueillir, je ne serai pas là. A ne pas être entendue, à trop t’attendre, j’ai moi aussi voguer vers d’autres cieux. Un autre cœur vibre à mes côtés et pour lui je frémis d’amour.
 
Un, deux, trois, je passe mon tour.
Un, deux, trois, la comptine pour moi n’a plus cours…
 
 
---------------------------------------------
 

Voir les commentaires

Publié le 6 Octobre 2012

 
 
- Tu te souviens Marylou ?
- De quoi mon Julos ?
- Du jour où nous avons emménagé ?
- Si je me souviens, tu penses…il y a plus de trente ans de cela !
- Allons, fais pas ton oublieuse ma poulette, ta crampe, tu te souviens de ta crampe ?
Moi, je m’en souviens comme si c’était hier…
 
- Tu y es ?
- Ouais !
- A trois, on y va. Un, deux, t…
- Attends, j’ai une crampe !
- Une crampe ?
- Au mollet droit ! Aie ! Aie !
- Tends ta jambe, pose ton pied à terre… ça va ?
- M’ouais !… Oh ! Flûte !
- Quoi encore ?
- Mes mains… sur le mur… regarde…
- Ah ! Oui ! Bravo !
 
- Bravo ma Marylou ! Que voulais-tu que je te dise d’autre ? Un mur peint de la veille et l’empreinte de tes deux mains juste à l’endroit prévu pour notre lit.
- Quelle idée aussi de me faire empoigner cette vieille caisse pourrie !
- Caisse pourrie, caisse pourrie ! Une malle de l’armée US ? Une relique de mon père ? Un… un… trésor de guerre rempli de souvenirs ?
- Tu parles de souvenirs précieux ! Ils sont figés depuis trente ans et des poussières au grenier, parce que tu te souviens, nous avons fini par le hisser sous le toit ton trésor de guerre rouillé ?
- Si je me souviens… Ah ! ce fut notre première chamaillerie… Comme il faisait chaud au grenier ce jour là…
- Ouais ! Et neuf mois plus tard, ta fille était là !
 
- Tu dors Marylou ?
- Mmm !
- Dis-moi..
- Quoi encore ?
- Tu n’aurais pas une petite crampe ce soir ?
 
 
------------------------------------------------ 

Voir les commentaires

Publié le 4 Octobre 2012

IMG 1853

 

 

 Pommes d'août

 

vertes pommes

 

plaisirs si doux

 

il faut voir comme

 

 

à l'ouvrage petit écureuil

 

peler, couper, cuire

 

sans quitter d'un oeil

 

compotée réduire

 

 

tourner, sécher, étaler

 

mise au frais

 

deux jours patienter

 

et tout est fait ?

 

 

découper, de sucre enrober

 

et collent les doigts

 

enfin le temps de savourer

 

mum ! que c'est bon ma foi !

 

 

-----------------------------------

Voir les commentaires

Publié le 2 Octobre 2012

   

Un mufle ! Triste constat, j’ai épousé un mufle ! Depuis la fenêtre de la chambre à coucher je l’observe se démener de la véranda au jardin. C’est sa deuxième nuit d’insomnie ; deux soirées et deux nuits consacrées à dorloter, agencer et mettre encore davantage en valeur ses bonsaïs. Demain, ce sera pour lui son jour de gloire et il veut être fin prêt. Aucun détail ne doit lui échapper, tout doit être parfait pour le week-end "nous découvrir vos passions" organisé par le comité des fêtes.

 

Vos passions ! Et dire que si ma collègue Nathalie ne m’avait pas laissé son bonsaï décrépi pour aller ouvrir un salon de toilettage canin aux antipodes nous n’en serions pas là ! Mais voilà, Patrick s’est pris au jeu de le requinquer, il a acheté des livres de botanique, couru les jardineries, visiter des foires, consulter des amateurs… une véritable drogue. Quand ce pauvre prunus a enfin porté ses premières fleurs, il était déjà entouré de dix autres espèces d’arbres nains et mon mari reconnu comme une sommité pour les questions de marcottage, greffage, rempotage, entretien ou taille ; il distinguait aisément les plants fragiles, ceux sensibles au froid, des plantes plus rustiques supportant les rudesses du climat. Fier de sa main verte, il est à ce jour propriétaire de soixante-cinq bonsaïs.

 

Verte, c’est moi qui le suis de rage à présent et Patrick, ce mufle, ne semble pas s’en apercevoir tout affairé qu’il est par la préparation de son exposition. Comment a-t-il pu prononcer une phrase pareille, comment devant les caméras de la chaîne de télé locale s’est-il laissé aller à me ridiculiser par ce clin d’œil entendu ? Depuis l’interview, j’ai visionné trois fois la séquence consacrée à "Faites-nous découvrir vos passions" et si je dois bien admettre la prestance de mon époux, son élégance naturelle accentuée par une moustache très british, je dois avouer qu’à présent je l’exècre et lui trouve un air rustre et trivial.

 

Mes mains de toiletteuse me démangent, elles réclament impérativement une paire de ciseaux pour tailler et venger l’affront. Patience, il finira bien par se fatiguer ! Et de fait, le voilà qui s’installe dans le fauteuil-crapaud, son siège de prédilection installé face à ses potées. Patience, patience, il s’endort d’habitude comme une masse, insensible aux bruits extérieurs.

 

Enfin il dort et quand il dort, il dort ! Doucement, je descends l’escalier, prends au passage la paire de ciseaux la plus aiguisée dans ma trousse de toilettage, traverse la salle de séjour et pénètre dans la véranda éclairée par la lueur orangée des lampes à sodium, alliées des plantes. Dans ma tête la voix de Patrick serine, clin d’œil à l’appui : "Oui, je consacre beaucoup de temps et d’argent aux bonsaïs mais ils m’apportent bien plus de satisfactions qu’une femme"

 

Tu parles ! Plus de vacances depuis trois ans, plus de petits week-end passés en amoureux, plus d’autres loisirs que les soins aux bonsaïs ; le terrain entouré de grilles rébarbatives, les murs truffés d’alarmes électriques, l’impression de vivre en vase clos voilà ce que je supporte par amour aveugle. Il est urgent de réagir ! Les ciseaux frétillent, impatients. Mes yeux à l’affût se posent sur le ficus panda, admirent le prunier de Java, se voilent devant le poivrier d’Indonésie... Non, je ne vais pas sacrifier notre patrimoine, de plus ces végétaux, eux, sont totalement innocents. Non ! Je me retourne et deux "clic" de ciseaux vengeurs sectionnent les guidons de vélo, fierté de Patrick. Mon mari se réveille en sursaut et s’écrie " Mais Bibiche !" à la vue de ses moustaches enserrées dans ma main gauche.

 

Fini, plus de Bibiche ! C’est décidé, lundi, la femme du mufle va réserver dix jours de vacances au soleil et le laisser pèpère à ses passions.

 

#######################

 

(mes textes sont des fictions )

Photo : wikipédia 

Voir les commentaires

Publié le 30 Septembre 2012

 

Au hasard de mes choix de livres à la bibliothèque de mon village...

 

Coup de coeur pour "La liste de mes envies" de Grégoire Delacourt.

J'ai tout aimé dans ce livre et plus particulièrement la faculté de l'auteur d'interpréter si justement le regard féminin du personnage.

Aussi je me promets, et me réjouis, de découvrir son premier livre "L'écrivain de famille"

 

IMG_1848.JPGhttp://www.gregoiredelacourt.com/#!__la-liste-de-mes-envies/le-livre-en-images

 

 

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Voir les commentaires

Publié le 29 Septembre 2012

 IMG 1839
  
  
Ingrédients pour 12 portions :
Pâte :
- 125 gr de beurre ou de margarine
- 90 gr de sucre 
- 2 oeufs
- 150 gr de farine
- 1 c. à café de levure en poudre
- 5 cl de crème ou d'Alpro Cooking ou de Bjorg (soja)
 
Garniture :
- 500 gr de pommes épluchées et coupées en lamelles (3 à 4 pommes)
- 45 gr de sucre et un peu de cannelle
- 10 cl de crème ou d'Alpro ou de Bjorn (soja)
- 1 c. à soupe de poudre pour pudding vanille
- 1 c. à soupe de sucre 
 
Pour le moule :
- un peu de beurre ou de margarine
- un peu de chapelure
-------------
- mélanger le beurre et le sucre pour obtenir un mélange mousseux et lisse
- ajouter les oeufs un à un
- ajouter la farine et la levure tamisées et ensuite la crème
- beurrer une forme à tarte (fond de 25 cm) et saupoudrer de chapelure.
- éliminer l'excès.
- verser la pâte dans la forme en la répartissant bien
- enfoncer les pommes dans la pâte, saupoudrer de sucre et d'un peu de cannelle
- mélanger la poudre de pudding vanille et le sucre avec la crème réservée à la garniture
- verser ce liquide tamisé sur les pommes
- faire cuire au four chauffé à 180 degrés pendant 40
 
Bonne dégustation ! 
 
 
***************************************

Voir les commentaires

Publié le 27 Septembre 2012

 

 

Elle me disait - cette peinture me fait rêver -

Elle, Jo, ma vie, mon amour.

Telle une enfant, elle avait découpé la photo du tableau de Hopper dans un magazine, l’avait plastifiée et s’en servait comme signet qui, d’un livre à l’autre, l’accompagnait.

 

compartiment-c-voiture-193-edward-hopper-1938-collection-i-.jpgElle me disait - j'aimerais m’embarquer à bord de l’Orient-Express ou du Transsibérien, traverser l’Europe et l’Asie au gré des escales… Milan, Venise, Belgrade, Istanbul… Moscou, Vladivostok… dormir, bercée par le roulis, prendre le petit-déjeuner et puis m’installer et observer la vie aux alentours...me faire belle, lire tous ces livres qui m’attendent... découvrir la beauté du monde…

 

Je la serrais alors contre moi, lui chuchotais du miel au creux de l’oreille et doucement, nous nous aventurions vers des ailleurs connus de nous seul.

Certains soirs, je la surprenais captivée par la photo avec à ses côtés un bouquin à la page égarée.  Où étais-tu Jo ? Traversais-tu la Cordillère des Andes ? Le Vietnam, l’Afrique ?

 

Un matin, comme tous les matins de boulot, nous avons pris le métro. Routine, promiscuité, passagers ensommeillés... Elle est descendue à la Bourse et du quai, elle m’a envoyé un petit baiser mais déjà la rame continuait sa route m’emmenant jusqu’à Rogier.

 

Ils m’ont dit - Monsieur, des centaines d’adultes disparaissent chaque année. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin !

Seul le commissaire Mambo a marqué un peu de sollicitude, a entamé de vagues et vaines recherches.

Disparue, envolée, ma Jo !

 

Tu me disais - cette peinture me fait rêver...

Pour moi, elle est le lien qui me rattache encore à toi.

Où es-tu Jo ? Pour quel ailleurs m’as-tu quitté ?

 

Et pour fuir les images d’horreur, à mon tour, je rêve.

 

----------------------------------------------------- 

 Pour Miletune Clic

Voir les commentaires

Publié le 24 Septembre 2012

 

Soirée douceur

Chants harmonica

Froid fenêtres embuées

Morceau de sucre

Lentement imbibé

D’un liquide pourpre

Petite fille revigorée sourit

Dans la crèche un enfant est né

 

Tantine de blanc vêtue

Au bras de son amoureux

Soleil rires joie

Photos ne pas bouger

Ritournelles reprises en choeur

Repas long long ennui

Fillette vide les verres

Sous la table s’est endormie

 

Premier amour toujours

Soirée copains

Demain l’an se vêt de neuf

Danses trémoussements

Punch aux fruits macérés

Traître une autre a embrassée

Jeune fille cœur déchiré

Dans son verre s’est noyée

 

Charmant est apparu

Lui et elle elle et lui

Duo mandoline

Toi moi nous

Promesse scellée

A la vôtre longue vie

Dame est devenue

Au doigt a passé l’anneau

 

 Berceau dans la chambre

Risettes premiers pas

Comptines loup garou

Mois années s’écoulent

Repas vacances anniversaires

Bulles pétillantes bougies

Sur sa tribu réunie

Mère veille

 

 La vie routine habitudes

Solitude

Gorge enrouée

Les chants se sont tus

Jeunesse au loin envolée

Un verre et encore un

Blanc rosé ou en robe rouge

Le vin faux ami rend à la belle ses vingt ans

 

dessin femme ivre

 

    Beau dessin de Dan (clic) 

ou (clic) 

 

merci à lui

                                                                          

 

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

 

 

 

 

Voir les commentaires

Publié le 21 Septembre 2012

 
 
           
Vendredi, 30 juillet 1943 - huit heures - 22°
 
hilda        John enfile son uniforme en silence de crainte de réveiller Dolly qui s’est rendormie après le petit-déjeuner, épuisée par son long et tardif service à l’hôpital.
Avant de quitter le minuscule garni qu’elle a loué récemment, il enlève délicatement le recueil de poésie coincé sous le coude de son amie tout en résistant à l’envie de poser un dernier baiser sur son épaule dénudée.
La porte refermée en douceur, il glisse le petit livre dans la poche de son veston et d’un geste décidé pose son képi sur sa tignasse blonde.
Les trois jours de permission ne sont déjà plus qu’un doux souvenir.
( Peinture - Duane Bryers )          
La température atteint 30 degrés lors du briefing dans les locaux de la base aérienne de la R.A.F. mais personne ne s’en plaint. Toute l’escadrille est suspendue aux lèvres de son commandant, attentive à la moindre directive.
 
Décollage : 22 heures
Cibles : trois usines sur la Ruhr
 
John est à l’arrière d’un des bombardiers qui vibrent comme des frelons dans la nuit. Il sait exactement ce qu’il aura à accomplir quand le « go » retentira dans son casque. Ses pensées vont, viennent, se croisent et souvent le ramènent vers la flamboyante Dolly dont il sait le portrait bien à l’abri dans le recueil de poésies qu’il a coincé à même la peau sous sa combinaison de vol.
 
Redoutés, des tirs de D.C.A. le tirent de sa rêverie en déchirant violemment l’espace. L’un d’eux fait mouche et atteint la carlingue et un moteur de l’avion qui tressaute sous l’assaut. John et ses compagnons, drillés à réagir au plus vite, évacuent l’appareil en feu et sautent dans l’air frais d’altitude. La chute est vertigineuse jusqu’à choc de l’ouverture du parachute qui scie brutalement les épaules de John.
Les salves se font sporadiques ; au loin les forteresses volantes poursuivent leur vol vers l’est tandis que l’appareil en perdition explose dans une gerbe de feu.
 
L’environnement devient plus calme et s’assombrit, seule la lueur de quelques étoiles laisse deviner l’approche d’une masse compacte. Des arbres ! John ne peut les éviter et son parachute s’emmêle dans de grosses branches. Suspendu dans le vide, il tente en vain de se libérer.
- Murphy ? Winston ? Jack ? Tommy ? Rod ? …
Ses appels restent sans écho… Que sont devenus ses compagnons ? Lesquels sont encore en vie ?
La nuit est douce… Dans l’air flottent des senteurs de foin et de bétail… Comment croire à cette guerre qui n’en finit pas ?
Mais hélas, là-bas, loin à l’horizon, les éclairs des bombardements illuminent soudainement le ciel.
 
John sort lentement de sa torpeur quand le bruit caractéristique des bombardiers lui signale le retour de mission.
- Good luck boys ! Dolly kiss !
 
Les mains entravées dans le dos, John ne réagit pas au moment où le soldat allemand chargé de le fouiller s’empare du livret de poèmes et en extrait la photo de Dolly.
- Schöne girl !
Le cliché est enfoui dans la poche ennemie, le livret jeté dans une corbeille.
Sous la provocation John reste de marbre avec seulement cette devise lancinante en tête :
 
A travers les embûches jusqu’aux étoiles*
 
Pendant près de deux ans, au milieu de l’innommable, sa fidèle mémoire  lui restituera jour après jour l’image de sa douce étoile rousse.
 
(*devise de la R.A.F.)
 ----------------------------------------------------

Voir les commentaires

Publié le 20 Septembre 2012

 
IMG_1838.JPG
 
Ingrédients pour 6 personnes :  (photo/3personnes) 
 
- 1 kg de pommes
- 4 c. à soupe d'amandes effilées ou en poudre
- 100 gr de farine
- 100 gr de sucre
- 100 gr de muësli avec au moins 30 % de fruits
- 80 ml d'huile
- 2 c. à café de cannelle moulue
- 1 c. à café de gingembre moulu
- 2 c. à soupe de Nesquick
- 2 c. à soupe de miel liquide
- 2 c. à soupe de lait
- 1 pincée de sel
 
Préchauffer le four à 180°
Couper les pommes non pelées mais sans le coeur en morceaux
Les disposer dans un plat allant au four
Mélanger tous les autres ingrédients en terminant par l'huile
Veiller à ce que le mélange soit homogène et le répartir sur les pommes
Enfourner pendant 50'
Après 30 ' surveiller le crumble, le recouvrir éventuellement d'alu 
 
Se déguste chaud ou froid
 
 
 -------------------------------------------------------

Voir les commentaires

Publié le 17 Septembre 2012

    
  Ce texte lu par Sagine est à écouter ici
 
Elle a un doute, va-t-elle plaire ? C’est rien, ça va passer ! C’est juste un instant d’abandon, quelques secondes intemporelles pendant lesquelles son regard s’est voilé en croisant son reflet dans le long et étroit miroir suspendu dans le hall. Déjà Marga est dans la rue, déjà elle oublie sa silhouette voûtée, son visage griffé de rides  profondes et elle chemine à petits pas décidés vers le café « l’Aurore » Elle a belle allure sous sa couronne de cheveux blancs comme neige et le sourire affiché sur ses lèvres ne fait qu’accentuer l’impression de sérénité et de volonté qui se dégage d’elle.
   
Ses amies Danielle, Irène et Jeanne, accompagnée de son loulou Oz, sont déjà attablées le long de la fenêtre donnant sur le Boulevard. Comme convenu entre elles, Marga les ignore et s’installe à la table voisine, commande un thé vert, extrait son portable de son sac et l’installe bien en vue devant elle. Le premier candidat peut se présenter, elles sont prêtes.
    
Dix heures sonnent à l’église des Capucins quand un homme à la tenue peu soignée et dégageant une odeur du temps lointain où la naphtaline conservait précieusement les habits du dimanche lance d’un ton bourru « c’est vous Marga ? » Marga va à l’essentiel, répond par quelques phrases, ne cherche pas à faire plus ample connaissance et presto renvoie le monsieur à ses mites et moustiques. Les nez pincés de ses amies la conforte dans sa décision ; non, ce ne sera pas lui l’heureux élu.
   
Le café est animé en ce jour de marché, le va et vient incessant des consommateurs apporte une touche de gaieté et déjà se présente le deuxième candidat. Au premier abord il évoque à Marga l’acteur Charles Vanel dans le film « Le salaire de la peur » A l’époque, dans les années 1950, elle avait apprécié le suspens et le jeu du comédien mais l’homme qui lui fait face à présent se révèle rapidement raide et emprunté sous ses airs de faux dur. Danielle, Irène et Jeanne font la grimace, Marga quant à elle ne s’imagine pas à ses côtés et s’empresse de remercier le candidat de s’être déplacé. En bougonnant quelques mots sur « ces bonnes femmes …» il disparaît dans la foule.
   
Arrive alors un curieux personnage dont le corps penché en avant sur une canne dorée défie les lois de la gravité. L’ombre seule du vent suffirait à le faire basculer et si même, comme il le confie à Marga, il a bourlingué de nombreuses années dans les pays étrangers il prête à présent à sourire. Avec tact et pudeur, Marga lui fait comprendre qu’il ne correspond pas à ses attentes mais lui assure quelle serait heureuse de le revoir afin qu’il lui parle de ses voyages. Rendez-vous est pris pour la semaine suivante et c’est un candidat déçu mais néanmoins heureux qui la salue avant de s’en aller clopin-clopant au gré de sa canne.
   
Oz s’agite, impatient de sortir en voyant la laisse tendue par Jeanne, tellement impatient qu’il manque de faire trébucher un homme entre les tables. Furieux, le nouvel arrivant fait remarquer à Jeanne toute confuse qu’elle ferait bien de surveiller et de punir son chien à défaut de l’avoir éduqué de manière convenable. Comme il fait mine de s’approcher de la table où est installée Marga celle-ci se présente spontanément et le prie d’aller se faire éduquer ailleurs. Jeanne, les larmes aux yeux, sourit à son amie. Quel caractère cette Marga !
   
Pourtant, le pessimisme s’installe dans le cœur de Marga, trouvera-t-elle le partenaire idéal ? Ses recherches dans le quartier n’ayant abouti à rien a-t-elle eu une bonne idée de passer cette annonce dans le journal ? Et puis le doute fait place à l’optimisme. N’a-t-elle pas décidé un jour lointain que désormais sa vie serait palpitante, que de chaque jour elle ferait une micro-fiction de laquelle elle retirerait le meilleur ? Perdue dans ses pensées elle sourit sans entendre l’homme qui s’adresse à elle. Danielle tousse pour la faire réagir, Irène lui emboîte le pas suivie par Jeanne qui y met tout son cœur. Marga sursaute, elle entend son prénom : « Marga ? Marga ? Je me présente, je suis Olivier »
 
 -------------------------------
 
La pièce de théâtre écrite par Marga de sa belle écriture bleu pâle et jouée par ses amis et amies eut beaucoup de succès à la fête de Pâques organisée dans le quartier. Olivier s’est révélé un excellent metteur en scène et un fabuleux comédien. Après la première, Marga lui a demandé pourquoi il avait si rapidement accepté de la seconder. La réponse, il l’a lui a donnée en l’embrassant amicalement : « parce que tu es une vieille dame merveilleuse, pleine de vie et allant toujours de l’avant et puis aussi parce que, installé à quelques tables de vous à « l’Aurore », je vous avais observées toutes les quatre. Vous étiez redoutables mais tellement attendrissantes dans votre volonté d’aboutir. Et toi, confie-moi à présent ce que contenait le texto envoyé par Danielle pendant notre entretien » Marga sourit et le doigt tendu vers le torse d’Olivier répond d’une voix ingénue: « elle avait écrit : c’est lui ! »
 
------------------------------------------------------------- 

Voir les commentaires

Publié le 14 Septembre 2012

bota 003

 

 

 

 

Un voyage d'affaires, un voyage écrit dans la langue qui m'est naturelle et quotidienne.

Tous les mots "étranges" sont répertoriés dans le Larousse et font partie de la langue française.
En devinerez-vous le sens ?
  
Photo : Jardin Botanique - Liège
   
 
Liège - Jeudi 14 octobre 2010 - 16 heures 30
 
Zac le taiseux ! Zac, mon frère, cela fait si longtemps… et cependant je le reconnais immédiatement. Sa photo, je ne vois qu’elle en première page de la gazette affichée à l’aubette de la gare. Autour de moi, des navetteurs énervés de faire la file pour acheter une farde de cigarettes ou un magazine me bousculent sans ménagement. Pourtant, les yeux hypnotisés par le portrait de Zac, je ne ressens rien de cet environnement fébrile et ce n’est qu’au troisième « Monsieur, s’il vous plaît ? » lancé par la libraire débordée que je lui tends enfin la monnaie en échange du journal.
Retrouver Zac à la une ? Aujourd’hui ? Il n’y a pas de hasard !
Mes bagages dans le coffre du taxi, l’adresse de l’hôtel lancée au chauffeur et je lis enfin la légende inscrite sous la photo : « Zacharie Waha - candidat potentiel au Prix Scientifique 2010 - p.3 » Page trois. Mes yeux enregistrent : brillant chercheur - futur lauréat du Prix Scientifique 2010 ? - donne une conférence samedi 16 - 20 heures - cité universitaire - auditoire B.6.
Promis Zac, promis, je serai au rendez-vous !
 
Les boulevards sont animés, le taximan énervé. La foire d’octobre repère de carrousels, Luna-Park et autres attractions attirent des ados désœuvrés. Du rénové à la rhétorique, ils déambulent sous le soleil déjà bas dans le ciel. Je souris, rien n’a changé. A l’athénée proche, le préfet et le proviseur, son second, auront beau garnir les valves de circulaires recommandant la fréquentation de la salle d’étude pendant les heures de fourche rien n’y fera, l’attrait de la foire sera toujours le plus fort.
Déjà l’hôtel est en vue. Banal, même tapis-plain, même air conditionné, même décoration impersonnelle dans les divers continents ou latitudes. Soupir. C’est décidé, au prochain déplacement je privilégierai un séjour en chambre d’hôtes, avec feu ouvert, accueil chaleureux... A cette perspective, déjà, je me sens mieux.
 
23 heures - La tête blottie dans un coussin moelleux, le corps étalé au creux du lit, je garde les yeux ouverts. Décalage horaire oblige le sommeil n’est pas au rendez-vous.
Retour à la salle de bains pour changer de tenue, une promenade dans le piétonnier libérera mon esprit. Dans quelques heures mes nombreux rendez-vous commerciaux exigeront une vigilance de chaque instant. Du résultat de tous ces échanges, de tous ces contacts dépend l’ordinaire de mes employés et en ces temps perturbés j’en ai plus que jamais conscience. Au dehors, le froid piquant me surprend. D’un geste frileux je referme la tirette de mon blouson en cuir et enfonce mes mains au plus profond de ses poches. Rue du Mouton Blanc, rue Pont d’Île, rue de la Casquette… ces noms chantent dans ma tête… Depuis mon départ, il y a vingt ans, divers détails ont changé mais au fil de mes pas l’émotion m’envahit. Je retrouve ma ville, celle de ma jeunesse, et quand bien même celle-ci ne fut pas facile, quand, face au regard et au mutisme de mon frère, je devais survivre, c’est ici que je suis né. Les cumulets dans le parc du jardin botanique, la fancy-fair de l’école en Pierreuse, les parties de kicker préludes de guindailles mémorables, la fricassée du déjeuner quand l’aube se devinait, le travail de jobiste perché sur une escabelle pour laver les nombreuses vitrines, le kot loué rue Louvrex à la mort de notre père alors que Zac, mon aîné de huit ans, était déjà accaparé par son travail, tout reflue dans ma tête. Tout ! Et sans m’en apercevoir, sans que ma volonté participe à ce choix, mes pas me conduisent aux abords du boulevard d’Avroy animé par les bruits de la foire.
 
Vendredi - 15 octobre 2010 - 0 heure 30
Retour à l’hôtel. Tel un somnambule je me déshabille, suspends ma veste à un crochet mais elle tombe, la lichette s’est déchirée comme tout à l’heure s’est déchiré un voile dans ma tête. Comment, moi qui déteste les miroirs, ai-je osé pénétrer dans « Le Palais des Glaces » ? Pourquoi fasciné par mes reflets déformés y ai-je entraperçu ma mère que je n’ai connue qu’au travers de photographies ? Pourquoi ai-je entendu distinctement la voix de mon père me dire comme jadis : « Comme tu lui ressembles Samuel ! Tu as les mêmes crolles brunes que ta maman » Et les yeux de mon frère, et son regard meurtrier posé sur moi sans un mot, pourquoi les ai-je enfin compris dans un éblouissement ? C’est à présent une évidence, dans son esprit j’avais tué sa mère, notre mère, en naissant, et jamais il ne me le pardonnera !
Je ramasse mon blouson et en me redressant, je croise mon double dans le miroir de la penderie. Pour la première fois de ma vie nos regards se happent franchement et ne se fuient pas. Au plus intime de moi-même je sais que je ne suis pas coupable.
 
Samedi - 16 octobre 2010 - 20 heures
Dans l’auditoire l’assemblée est nombreuse. Etudiants, hommes et femmes politiques, universitaires de tous âges sont installés côte à côte. Cet intérêt laisse aisément deviner l’enjeu que représente l’obtention du Prix Scientifique. Si Zac en est le lauréat quelle retombée pour l’université ! Le monde financier et industriel se bousculera pour paraître à ses côtés et subsidier la suite de ses recherches.
Mon frère apparaît enfin sous une salve d’applaudissements. Du dernier rang des gradins, tout là-haut de l’amphithéâtre, je l’observe et l’écoute le cœur battant. Pourtant, déjà, mes pensées s’envolent vers Kelly et nos deux enfants. Tout à l’heure, la webcam nous a rapprochés pour un trop court instant. A tous trois, j'ai fait le serment de bientôt les emmener découvrir l’Europe et le berceau de ma jeunesse.
Ma jeunesse… La voix de mon frère fait place à présent à la voix qu’il avait il y a vingt ans. Le ton posé d’aujourd’hui devient le ton agressif de jadis. A mes oreilles sonne le verdict sans appel de Zac face à mes piètres résultats aux examens :
«Te faire mofler deux fois de suite ! Tu n’es qu’un nul Sam, un pauvre type, tu n’arriveras jamais à rien dans la vie. Débrouille-toi seul à présent »
Je me suis débrouillé Zac. Sans toi. J’ai tracé un trait net, radical. Grâce au petit héritage laissé par Papa j’ai tiré mon plan et tenté ma chance aux U.S.A. Sais-tu qu’à présent, moi aussi, je pèse lourd dans le monde des affaires mais surtout que j'ai deux enfants adorables et une compagne formidable ?
 
22 heures - Je quitte discrètement la cité universitaire laissant Zac entouré d’une cour de courtisans. A la fin de la soirée, un organisateur de la conférence lui remettra la lettre rédigée cette après-midi dans ma chambre d’hôtel.
 
Zac,
j’étais présent lors de ta conférence. Je suis en Europe pour une durée de quinze jours. Mercredi, je prendrai la direction de l’Allemagne puis de la France et de l’Italie avant de rejoindre ma famille en Californie.
Je suis descendu à l’hôtel X. Si tu veux me revoir j’en serai infiniment heureux.

 Le Prix Scientifique je te le souhaite de tout cœur mais sache que pour moi ta plus belle victoire a été celle remportée il y a vingt ans quand tu m’as rejeté. Depuis cet électrochoc, Zac, j'ai réussi ma vie. Je suis un homme comblé et sans amertume.

 
Ton frère,
Sam
 
Dimanche - 17 octobre 2010 - 15 heures
Zac et moi, nous nous regardons droit dans les yeux et puis notre étreinte est longue, longue comme le temps qui nous a séparés.
 
 
------------------------------------------------------------------------- 

Voir les commentaires

Publié le 11 Septembre 2012

 
IMG_1779.JPG
 
 
Quel salaud, mais quel salaud !
« Je suis rappelé en urgence, il y a une grosse panne à l'usine », c'est ce qu'il m'a dit tout à l'heure.
Mais quel salaud ! Et moi qui l'ai cru.
« Je t'attendrai pour dîner, essaye d'être de retour avant la nuit, tu sais que je m'inquiète de te savoir en chemin »
Résultat, je me suis retrouvée, comme à chaque rappel lors d'un week-end de garde, seule à la maison à me culpabiliser d'avoir du temps libre alors que lui devait bosser
 
J'ai lu un peu mais le coeur n'y était pas, puis, par réflexe, j'ai allumé la télé, pianoté d'une chaîne à l'autre. Rien d'intéressant évidemment juste une présence illusoire, le tiercé, les commentaires faussement excités, un gros plan sur le public et au beau milieu, MON salaud le journal à la main. J'en suis restée baba !
 
La reine des pommes, voilà ce que je suis et encore des plus blettes au cerveau ramolli.
Il ne perd rien pour attendre, je m'en souviendrai de ce dimanche moi qui espérais passer un après-midi en amoureux.
Ah, le salaud ! Je l'attends de pieds fermes, l'enregistrement a été vite enclenché, il ne pourra rien nier. Surpris qu'il sera, je savoure d'avance.
 
 
" Yes, j'ai gagné ! Je vais enfin pouvoir lui offrir ce nouveau PC portable dont elle rêve depuis des mois. Faut dire que les pannes se font rares ces derniers temps et le budget s'en ressent. Elle va être bien surprise ma petite pomme d'amour"
 
 
Et en dessert, un peu de Prévert

Voir les commentaires