Publié le 16 Juillet 2018

Mots à placer pour Treize à la douzaine :

 

guider - farfelu - champ - marionnette - prévenir - gouttière - siège - collation - brique - terne -trousseau - margelle et le 13ème pour le thème : contrainte

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Positivons ! Tout va bien, TVB !!!!

Bon, j’avoue, si j’avais le champ libre je m’enfuirais sans prévenir PERSONNE et me laisserais guider par ma bonne étoile.

Positivons, elle finira bien par reluire à nouveau dans mon ciel terne. TVB !

 

L’aide-soignante qui me fourrait à toute allure une maigre collation dans la bouche m’a dit : vous avez un beau teint bistre, on dirait que vous rentrez de vacances.

Je n’en suis pas certain, vu que ma vue est trouble, mais il m’a semblé apercevoir une lueur d’ironie dans ses yeux verts. Avoir bonne mine, c’est déjà ça.

 

Positivons, Jo, ma femme, sera bientôt là, assise sur le siège tout à côté de moi, et je me sentirai mieux.

Pour l’instant, je me sens mou, mou, mou… mou comme un pantin, une marionnette… waouh, jamais tant baillé, moi !... l’effet du produit  distillé par le goutte-à-goutte peut-être ?…

Gouttes ? Gouttière ?

Gouttière infernale, gouttière percée laissant passer l’eau de pluie sur la fenêtre de la cuisine.

Jo, ma Jo, qui râle.

Positivons, TVB, je vais faire les réparations. L’échelle pas assez longue mais rehaussée par quelques briques et me voilà sur le toit avec mon trousseau d’outils et puis le trou noir.

 

J’ai dû dormir un moment, il fait presque nuit à présent. TVB c’est déjà ça de gagné.

Je tenterais bien de me redresser un peu pour soulager mon dos endolori mais le plâtre dans lequel ma jambe gauche est emprise me semble peser une tonne.

 

Jo, ma Jo est là, TVB.

Elle me traite de farfelu, d’insensé. Ah, j’aurais pu me tuer en tombant la face contre la margelle du petit puits. D’ailleurs les jolies fleurs sont écrabouillées comme moi, si, si et puis j’ai trop de fierté pour demander au voisin de me prêter son échelle extensible ou trop radin pour en acheter une. Ai-je pensé à elle, à tous les soucis que mon hospitalisation lui cause ?

 

Quand je tente d’émettre une petite plainte, vu que le poids qui étire mon bras droit m’interdit tous les gestes précis, elle embraye en clamant qu’évidemment je ne supporte aucune contrainte, que ce n’est pas moi qui ai mis au monde nos trois enfants… et gnagnagna…

 

Positivons, TVB, la vie n’est pas terne.

Jo, ma Jo est là et je m’enfuirais bien volontiers avec ELLE !

 

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Publié le 13 Juillet 2018

Pour Mil et une - jeu de l'été clic

entamer un texte par un incipit de roman -

 

- Ils étaient une vingtaine.

Combien exactement, Jeanne ne le sait pas. Une vingtaine, répète-t-elle en haussant les épaules puis après un silence elle précise : c’est beaucoup ! Ça a débuté comme ça, je cueillais des mûres au pied d’un talus et j’ai entendu des voix au bout du chemin et puis des aboiements. Forts, méchants, les aboiements.

Nouveau silence troublé par les toussotements de l’inspecteur Harry agacé par ce refroidissement qui l’enfièvre en pleine canicule.

- Les chiens couraient dans ma direction, j’étais tétanisée. Ils sont arrivés comme fous à mes côtés, ils me reniflaient, prêts à me mordre.

- Précisez, demande l’inspecteur.

- Préciser ! Préciser ! C’est clair, non ?

- Hum !

- Quand j’ai enfin ressenti la présence d’un homme j’ai dit sans me retourner : feriez bien de tenir vos chiens en laisse.

- Et qu’a répondu l’homme ?

- Pff ! Ce qu’ils disent tous : mon chien est gentil. Et une voix de femme a cru bon d’ajouter : il ne ferait pas de mal à une mouche. Moi, j’ai dit : la loi est la même pour tous, les chiens doivent être tenus en laisse.

Nouveaux toussotements suivis d’une longue inspiration sifflante.

- Feriez bien de vous soigner, monsieur le Commissaire !

- Inspecteur ! Je suis inspecteur ! Mais dites-moi ces chiens ils étaient une vingtaine ou y en avait-il un seul ?

Jeanne se trémousse sur sa chaise, le regard trouble.

- L’homme a dit à la femme : si je la rencontre à nouveau je lui ordonne d’attaquer.

- Donc, il n’y avait qu’un chien !

- Commissaire, le rêve est une seconde vie… les cauchemars aussi.

La tête de l’inspecteur Harry, soutenue par ses deux mains, est cramoisie. Si en plus les témoins me sortent des énigmes, je vais m’écrouler, pense-t-il découragé.

- De la tisane de thym, inspecteur, il n’y a rien de tel !

- Commi… hum, vous m'embrouillez. ! Thym, rêve, cauchemar, c’est bien beau tout cela mais j’ai deux morts sur les bras, moi !

- Trois morts, c’est exact !

- Trois ? L’homme et la femme, le crâne défoncé et retrouvés noyés dans le ruisseau, si, malgré la fièvre, je compte bien, cela fait exactement deux morts... Mais le chien, qu’est-il devenu ?

Longs toussotements.

Silence.

Jeanne, toujours assise sur la chaise, semble transformée en statue. Elle poursuit pourtant un monologue intérieur.

« Le rêve est une seconde vie. Comment me serais-je dépêtrée de mes cauchemars sans lui ? Ils n’avaient qu’à maîtriser leur cabot. Les laisses c’est fait pour les chiens. Mordue, je l’ai été plus qu’un être humain ne peut le supporter… le camp, la faim, les ordres… les ordres à la vingtaine de chiens… attaque… m’attaquer, moi ? N’avait pas à se risquer à dire ces mots… plus jamais, je ne me laisserai attaquer… l’ont cherché ces gens et ce sale clebs aussi… la colère ça décuple la force, je le sais, elle m’a souvent sauvée… le chien je l’ai assommé alors qu’il s’apprêtait à rejoindre ses maîtres, ma canne au bout ferré n’a pas plus que moi pardonné. Lui, de rage, il a trébuché et sa tête a heurté une grosse pierre, elle penchée sur lui a été une proie facile... comment s’étaient-ils trouvés un jour sur mon chemin ? Je ne me suis pas posé la question, quelle importance… Le chien, je l’ai enterré dans le sous-bois, le couple traîné jusqu’au ruisseau pour qu’ils se purifient la bouche de leurs paroles... On ne sait rien de soi. C’est le contraire, on croit s’habituer à soi. A présent, je suis à égalité avec mes tortionnaires, jamais je n’aurais cru y parvenir un jour… »

L’inspecteur Harry contemple cette femme étrange. Son flair lui dit qu’il est vain de l’interroger plus longuement. Que pourrait-elle encore lui dire mis à part sa peur viscérale des chiens. Bah, comme tant d’autres…

- Je suivrai vos conseils, je prendrai une tisane de thym, promis, dit-il en serrant la main de Jeanne.

C’était oublier le rhume à présent bien installé et faussant tous ses repaires de fin limier.

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Publié le 5 Juillet 2018

Il fait bon, le jardin est en fête, l'eau de la mare fait le bonheur des oiseaux et des tritons.

Et moi ? Moi, j'écris une petite scène sans prétention...

Je suis outré, vexé, dépité par un tel manque de considération !

Moi si conciliant, toujours le pied alerte, prêt à rendre service je suis ignoré comme un simple valet.

Ne formions-nous un trio des plus efficaces ?

Et l’autre là, qui se fait pincer à qui mieux-mieux, je l’entends pourtant qu’elle couine d’inconfort.

Si Madame, vous couinez à briser une corde !

Comment, moi, jaloux de votre âme ? Que pensez-vous, je possède une âme moi aussi et sachez qu’elle ressent les vagues nauséeuses qui me traversent le corps.

Je me suis plié à tous les caprices, fais le siège de tous les trottoirs et cours de la ville, j’ai occulté les rhumatismes qui m’assaillent par temps humides, fais fi de mes articulations atteintes par la sécheresse environnante mais là, c’en est trop, je suis dégoûté.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Oser poser ton joli postérieur sur une vulgaire pierre foulée par le premier venu, sniff ! Maëlle, quelle décadence !

Je suis révolté, je pense que je ne me remettrai jamais d’un tel affront public.

Mais… mais… qui m’envahit aussi impudemment ? Qui ose s’assoir sur moi ?

Une Mémé bien fatiguée me semble-t-il… pfff !

Holà, la bougresse, c’est qu’elle a le rythme et la cadence dans la peau elle aussi.

Allons, foi de trépied, il ne sera pas dit que je ne suis pas maître de la situation.

Allez-y ! Chante Maëlle, vibre guitare !

A moi la scène !

A nous ? Oui, bof !

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Mil et une sujet 24/2018 - photo  Steve McCurry clic et clic

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Publié le 4 Juillet 2018

Arthur en est convaincu, l’été n’est plus ce qu’il était. Enfin, plus vraiment. Plus à certaines heures quand les touristes envahissent sans vergogne les ruelles de la vieille ville.
Et que je te bouscule sans prendre la peine de m’excuser au point de se sentir transparent, et que je tente de pénétrer dans un vestibule, smartphone ou appareil photo brandi, et que je cueille une fleur ou deux dans une jardinière tout en zieutant effrontément par la fenêtre…
 
Et que, et que… la liste des griefs est longue et tout en faisant sa petite promenade digestive, Arthur l’égrène en marmonnant. Seuls les cris des hirondelles lui font lever la tête vers le ciel bleu, un sourire aux lèvres.
 
Allons mon vieux secoue-toi, la vie est belle ! Tu ne vas pas devenir un vieux grincheux et puis regarde autour de toi, tout ce brassage de personnes venant parfois de loin est enrichissant que diable !
Arthur a cette bonne vieille habitude de se réprimander de temps en temps. S’il ne le faisait pas qui le ferait ?
 
Farewell Angelina
The bells of the crown
Are being stolen by bandits
I must follow the sound
The triangle tingles
And the trumpet play slow
Farewell Angelina
The sky is on fire
And I must go.
 
La voix est claire et plaisante comme l’est la chanteuse installée à même le trottoir de la venelle mais dans le cœur d’Arthur une tempête soudaine mène la sarabande au point que le vieil homme, chancelant, doit prendre appui contre le mur le plus proche.
 
Farewell Angelina
Cette douleur inattendue… Angelina… il y a si longtemps pourtant…
 
Arthur écoute de tout son être cette chanson si parlante pour lui et peu à peu les battements de son cœur se régulent, il peut enfin respirer plus librement et même fredonner le dernier couplet.
 
The machine guns are roaring
The puppets heave rocks
The fiends nail time bombs
To the hands of the clocks
Call me any name you like
I will never deny it
Farewell Angelina
The sky is erupting
I must go where it's quiet.
 
Des applaudissements se font entendre alors que la chanteuse, chapeau tendu, salue, souriante, son public. Quelques pièces de monnaie rejoignent le couvre-chef à présent posé sur le sol et un autre accord de guitare happe les oreilles des badauds.
Arthur toujours adossé au mur reste cependant plongé dans ses souvenirs.
Bob Dylan, Joan Baez.
Farewell Angelina
 
Angelina !
Angelina, sa belle amoureuse au père si sévère... son mariage forcé avec un homme jaloux et brutal… comment lutter ?
Farewell Angelina...
Et toujours cette chanson entendue ici ou là au fil des années et qui lui met le cœur à l’envers.
 
Angelina ! Où est-elle à présent ?
Lors de leur dernier et lointain contact clandestin, elle lui avait fait promettre de vivre une belle vie malgré tout.
 
Arthur s’ébroue, oui, la vie est belle comme l’été qui resplendit.
 

Mil et une sujet 24/2018 - clic

photo  Steve McCurry clic et clic

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