Un air de rien
Publié le 21 Octobre 2012
Elle avait un air de rien ! A peine celui d’une petite dame sans chichi,
mère de famille exténuée de bon matin par une marmaille qui l’avait lessivée dès l’enclenchement du radio réveil.
Après avoir casé les gosses à l’école, acheté un magazine à la librairie du coin, elle m’avait rejoint dans le parc.
Moi, le simple banc de bois, je me suis senti le bienvenu, il faut dire que le soleil était de la partie lui aussi.

A mon humble avis, rien qui en vaille la peine ; un bon polar lui aurait procuré plus de détente. Enfin…
Pour un peu, je la sentais rejoindre les bras de Morphée, un sacré concurrent pour moi ! Alors, sous l’effet des
rayons de soleil, j’ai un brin couiné, histoire de l’empêcher de s’assoupir. Nous avons passé ainsi une heure de répit et j’avoue qu’à la fin j’étais las du calme ambiant. C’est que je suis
habitué aux papotages des petits vieux ou aux secrets des amoureux, parfois à l’une ou l’autre dispute mais c’est plus rare.
J’étais tout à mes pensées, me demandant quand elle allait enfin céder sa place, histoire de voir ma vie pimentée par
d’autres hôtes, quand elle s’est relevée d’un bond, révolver à la main, et a sauté sur un quidam qui passait à proximité de nous. En deux temps, trois mouvements, il s’est retrouvé menotté à une
latte de mon dossier et moi, contre la volonté des moindres de mes fibres, transformé en sellette - garde chiourme.
Toujours l’arme à la main, elle a enfilé ses chaussures, ramassé le magazine qui déjà s’égayait au vent et elle a
confié au petit micro dissimulé sur son chemisier :
- Tout est OK, inspecteur Mambo, le suspect est maîtrisé.
Le suspect et moi, nous n’en menions pas large. Il est fort à parier que nous serons bancals et traumatisés à
vie.
Comment ne pas avoir des craintes dorénavant ? En qui avoir confiance ?
Vraiment, c’était une petite dame qui avait juste un air de rien !