Au Saint Georges
Publié le 20 Décembre 2012
Au Saint Georges, la brigade
fourmille dans la grande salle de réception. Du commis au maître d’hôtel, du serveur au chef de rang tout le monde sait ce qu’il a à faire et s’active dans un calme relatif. Les nappes
immaculées, les verres étincelants, les serviettes amidonnées et savamment pliées habillent au fur et à mesure les tables d’une parure festive.
Au bar, les bouteilles millésimées alignées par le sommelier s’acclimatent en douceur à la température ambiante. A
leur côté, les petits bouquets de fleurs que vient de livrer le fleuriste attendent patiemment de donner la touche finale et colorée à la mise en place.
Le personnel aux enjambées entravées par de longs tabliers blancs vérifie et dispose les couverts selon l’ordre
prescrit par le chef de rang quand Louis, un des serveurs, attiré par une musique venant de l’extérieur s’exclame : c’est la parade du cirque Knie !
Aussitôt, ses collègues s’agglutinent aux larges fenêtres, la mine réjouie.
Musiciens, chevaux montés, jongleurs, clowns aux tenues bigarrées, groupe de trapézistes, zèbres, chameaux… défilent
au bord du lac dans une joyeuse ambiance pour le plus grand plaisir des Genevois.
- Regardez le jeune éléphant, il s’échappe !
- Il court vers le lac.
Dans la rue et aux fenêtres chacun retient son souffle. Le soigneur va-t-il rattraper l’éléphant ? Déjà les paris
circulent. Certains prédisent le plongeon dans l’eau, d’autre la volte-face. Paniqué l’éléphant zigzague sur la pelouse, se fatigue et enfin se laisse maîtriser sous les applaudissements des
spectateurs.
- Allons, allons, Messieurs, au travail ! Tout doit être impeccable pour la réception de ce soir ! ordonne
le directeur qui vient de surgir dans le restaurant. Ces messieurs dames du F.M.I. ne tolèreront
aucun laisser-aller !
En réponse, Louis souffle à voix basse : nous n’irons pas au cirque ; ce soir le cirque vient à nous
!
La réflexion circule bien vite dans la brigade et tous reprennent le travail un petit sourire aux coins des
lèvres.
La nuit sera longue.
Kkkkkkkkkkkkkkkkkkkk