Publié le 28 Mars 2012

Mon amour est une rose rouge, rouge *

Au printemps éclose…

Alors qu’elle relit une nouvelle fois ce beau poème de Robert Burns le souvenir de la voix chaude et virile de Bryan berce l’oreille de Hilda et lui procure un délicieux frisson. Combien de fois lui avait-il déclamé ces vers avec ardeur ?

Elle caresse la couverture du recueil de poésie, la hume là où les doigts de son amant ont laissé un effluve discret puis elle se prend à rire ; plus de trace de Bryan, ce saucisson à l’ail est un vilain traître. Vilain mais ô combien savoureux !

Hilda soupire d’aise.

Si belle es-tu ma douce mie !

Et je t'aime tant, tant...

Oui, il l'aimait

Aimait sa crinière de feu

Son teint de rose fraîche

Ses yeux mutins

Son ardeur dans les jeux de l’amour

 

Hilda beurre généreusement un toast, le garnit de confiture d’orange, le croque et, gourmande, s’en prépare un deuxième.

Qu’elle est bien dans la douceur de son lit douillet ! Pour un peu elle s’endormirait.

 

Je reviendrai, mon seul amour,

Même de l'autre bout du monde.

Les yeux fermés, Hilda sourit.

Non, Bryan ne reviendra pas.

Personne ne revient de ce monde là.

Est-ce sa faute à elle s’il ne l’aimait que svelte ?

Le beurre, le saucisson, le fromage, les gâteaux,

les glaces ou à l’encontre l’éternel régime ?

 

Hilda a choisi.

Le poison fut l’ami

Pour arrêter le sable de la vie de son riche chéri. 

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* Poème de Robert Burns à découvrir ici - clic

Et ci-dessous en version chantée par Andy M. Stewart :

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Publié le 26 Mars 2012

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Martine Bressan - la voix de Sagine

m'a fait le grand plaisir de lire mon texte de présentation

"Tout simplement femme" clic

 

Vous découvrirez son travail sur son site

"De mes yeux à vos oreilles"

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Rédigé par Mony

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Publié le 25 Mars 2012

    cheval isabelle

                                                            Photo : Pawel Ryszawa

 

Ce fut d'abord une pierre qui tomba à un mètre de son pied. Dans un geste machinal il l’expédia du bout de sa chaussure vers le bord du talus. Puis ce furent successivement des aboiements et un hennissement qui le sortirent de la torpeur dans laquelle l’avaient finalement plongé plusieurs heures de marche. Les bêtes avaient senti son approche et la signalaient. Sans cesser d’avancer, Julien passa une main dans ses mèches brunes, redressa les épaules et réajusta son gros sac à dos. Les aboiements étaient proches à présent, pas menaçants, simplement curieux voire impatients. Dans un enclos attenant à une maison basse un cheval à la belle robe isabelle le salua de nouveaux hennissements rythmés par le battement de sa longue queue. Peu farouche, il s’approcha de la clôture en bois et vint quémander une caresse.

Le chien s’était tu. Julien le vit apparaître au coin de la maison en compagnie d’un homme à l’âge incertain.

- Je vous attendais, dit-il.

Devant l’expression étonnée de Julien, il poursuivit : - je vous observe depuis un moment. La montée est rude, pas vrai ?

Le jeune homme acquiesça d’un signe de tête.

- Entrez, je vous ai préparé du café.

Sans se faire prier Julien, heureux de faire une pause, se débarrassa de son barda qu’il laissa sur le seuil et il pénétra dans une salle éclairée par deux fenêtres à meneaux.

- C’est pas souvent que j’ai de la visite !

Le café fumant dans un bol et les deux tranches de pain d’épices présentées à même le bois blond de la table eurent tôt fait de réconforter le marcheur.

- Ainsi vous allez à Xhévoumont ! Vous en avez encore pour une heure de marche, constata l’homme. Julien regarda sa montre, il était temps pour lui de reprendre la route. Il se leva et remercia son hôte pour son accueil. Autour d’eux le chien allait et venait en jappant, décidé à retenir le marcheur dans la maison.

- Maloub semble vous avoir adopté, dit encore l’homme. Julien sourit, les animaux et lui c’était une grande histoire d’amour. Déjà il empoignait son bagage quand l’homme lança : - je m’appelle Maurice. Si tu le veux, tu peux installer ta tente par là-bas et y passer la nuit. Dans la remise il y a un évier. Un peu d’eau froide ça ne devrait pas t’effrayer ? Julien semblait si jeune que le tutoiement avait surgi naturellement de la bouche de Maurice. La fatigue, le bel environnement, la sympathie et la simplicité manifestes de Maurice décidèrent rapidement Julien à accepter son offre. Il se sentait libre comme l’air, aucune contrainte ne le forçait à se rendre à Xhévoumont, la seule raison de son escapade était de se retrouver au grand air et sur ce plateau il y était roi. La tente fut rapidement dressée et tandis que Maurice soignait son cheval et faisait rentrer ses quatre poules dans le petit poulailler le soleil lentement déclina dans le ciel d’été.

Couché à plat ventre sous la tente, la tête et les épaules à l’extérieur, Julien écouta le faux calme de la nuit. Le cri aigu des chauves-souris ou celui d’un oiseau attardé, un hululement, le cheval s’ébrouant ou encore un craquement de branche firent glisser en lui une quiétude perdue depuis plusieurs mois. Il pensa à l’accueil de Maurice, à leur longue conversation assis tous deux sur le banc extérieur de la maison. Quelle chance avait cet homme de vivre dans un tel endroit !

Julien se retourna sur le dos et le ciel s’offrit à lui en cadeau. En ancien scout il repéra aisément Orion puis la Grande Ourse dans l’espace infini parsemé de mille étoiles. Nulle clarté parasite ne rivalisait avec elles, la nuit leur appartenait. Pourtant, à bien y regarder, une petite lumière clignotante signalait le passage de l’humain dans les cieux. Têtu et obstiné, un avion de ligne, là-haut, traçait sa route. Julien songea à Emma et une bouffée de désir le saisit. Emma ! Où était-elle ? En Grèce, en Turquie ou ailleurs au gré des offres de voyages de dernières minutes ? Pourquoi n’avait-il pas voulu la suivre sur une quelconque plage, dans un quelconque hôtel bondé de touristes ? Pourquoi un tel fossé s’était-il creusé entre eux deux au fil des semaines ?

Troublé, Julien soupira. Jamais Emma n’aurait accepté de dormir ainsi sous une tente. Pour elle, la nature ne se concevait que disciplinée et confortable. Le jeune homme l’imagina au bord d’une piscine bleue, bronzée déjà par des séances de solarium. Parfaite ! Julien soupira à nouveau. Non, il n’avait pas travaillé pendant tout le mois de juillet pour se payer comme elle des vacances au soleil. Son but était autre. Cet argent lui sera nécessaire durant la prochaine année universitaire afin de compléter le peu d’argent de poche que ses parents avaient la possibilité de lui octroyer. Un coup d’œil à l’écran de son GSM lui donna l’heure : 11.30. Il était temps de dormir à présent. Julien pensa encore à la batterie bientôt déchargée. Bof ! Pas indispensable ! Puis il fourra son portable au fond d’une poche du sac à dos et il referma la tente, heureux.

Maloub, la truffe fureteuse, réveilla Julien de bonne heure. Longuement le jeune homme caressa le poil soyeux du chien tout en le cajolant de la voix : - doux Maloub, doux mon chien- et, complices, ils ne se quittèrent plus de tout le jour. Comme proposé la veille par Maurice, ils attelèrent le cheval à une charrette légère et ils rejoignirent le sous-bois. Julien, heureux comme un enfant, guida Mira avec aisance sur les chemins forestiers. Quand ils furent arrivés à destination, il observa avec prudence et intérêt les quatre ruches dressées côte à côte au centre d’une vaste clairière.

Maurice enfila alors une combinaison claire, une coiffe munie d’un voile métallique et une paire de gants puis il prépara l’enfumoir. Avec des gestes lents mais précis il enfuma une première ruche et en retira le couvercle. Méfiants, Julien et Maloub se tinrent à l’écart mais ils suivirent attentivement tout le travail de récolte des cadres garnis de miel. Le temps était beau et seuls des bourdonnements d’abeilles ou le bruit léger de l’enfumoir troublèrent le silence. De temps à autres, l’apiculteur amateur levait un pouce, la récolte s’annonçait bonne.

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De retour à la maison, il fallut désoperculer les cadres avec un couteau en évitant les quelques abeilles accrochées à leur production. Julien, intéressé par tout ce qu’il découvrait mit la main à la pâte. L’opération se déroula dans la remise où se trouvait l’extracteur de miel qui accueillit ensuite les supports. Au soir, réunis dans la salle, ils partagèrent une omelette baveuse puis Julien fit la vaisselle tandis que Maurice veillait au bien-être de ses animaux. A la nuit noire, Maurice décrocha du mur une vieille trompette et pour le plaisir de Julien il improvisa un concert unique. Le jeune homme vécut ainsi auprès de Maurice deux journées de travail hors du temps. Ce fut à peine si ses pensées allèrent quelques fois vers ses parents ou vers Emma, là-bas, si loin.

 

Ce fut d’abord un aboiement suivit d’un hennissement, tous deux répercutés par les talus rocheux… Julien leva la tête. Là-haut, au bord du plateau, il aperçut Maurice puis il entendit le son de sa trompette. Une dernière fois, à sa manière, son nouvel ami le saluait. Julien leva la main, fit un grand signe. Ses doigts s’égarèrent ensuite dans ses cheveux et d’un geste machinal réajustèrent le sac à dos. Dans quelques jours, il aurait rejoint la faculté d’agronomie. Et son futur, avec ou sans Emma, Julien était bien décidé à y mordre à pleines dents.

 

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Publié le 22 Mars 2012

 

 

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Connaissez-vous Hector Beaufixe ?

 

Hector est un grand philosophe dans son genre. Dès l’enfance, il a su maîtriser les aléas quotidiens et au fil des années il s’est forgé un caractère bien trempé pour faire face aux petites vicissitudes qui sont le lot de chacun.

 

Quand d’aucun s’énerve de subir les pires lois de la vexation Hector sourit et trouve toujours le côté amusant des situations les plus déprimantes.

Mais depuis bientôt deux mois Hector Beaufixe est inquiet. Dans sa petite vie de fonctionnaire plus rien ne se passe normalement. Un exemple ? Dix, si vous le désirez ! Pas plus tard qu’il y a quinze jours, alors qu’il se rendait chez son directeur pour subir la redoutée évaluation, Hector savait déjà les phrases assassines, le refus d’une augmentation et l’accroissement de sa charge de travail. Facile, le scénario se répète année après année.

Et bien non ! Pas de rebuffades en vue, il obtint même une augmentation substantielle.

 

Que dire de sa femme ? Elle si acariâtre, si preste à le critiquer, le loue à présent devant ses amies et le cajole chaque soir. Jamais Hector n’a connu pareille lune de miel.

Même sa vieille auto le déconcerte habitué qu’il est de son refus à démarrer ou de ses pannes à répétition. Plus rien de cela, elle se conduit maintenant comme une voiture neuve. Et le fisc, oui, le fisc s’amuse lui aussi à le taquiner en lui ristournant des sommes prétendument indues. Du jamais vu !

 

Hector déprime. Où sont ces petites emmerdes qui pimentaient sa vie ? Pour se rassurer, il a été jusqu’à consulter monsieur Rabout un voyant extra lucide. Tout heureux et fier de lui annoncer un prochain héritage monsieur Rabout s’est montré fort étonné de la grimace d’Hector Beaufixe.

Quoique…

 

Aujourd’hui à quatorze heures Hector a rendez-vous avec le notaire. La convocation ne laisse aucun doute, il s’agit bien d’héritage. Une tante lointaine et oubliée lui a légué toute sa fortune et elle se chiffre en millions d’Euros. Non décidément, rien ne va plus aux yeux d’Hector.

Tout à ses tracas, il traverse l’avenue à grandes enjambées au moment exact où un chauffard perd le contrôle de son véhicule et le percute de plein fouet. Hector Beaufixe a juste le temps de sourire. Pour lui enfin tout rentre dans l’ordre des choses.

 

Connaissiez-vous Hector Beaufixe ?

 

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Publié le 19 Mars 2012

    Doisneau-Stavelot-001.JPG
 
Robert Doisneau, célèbre photographe français, aurait eu 100 ans cette année. 
 
L’ancienne abbaye bénédictine de Stavelot nous offre jusqu’au 30 septembre 2012 une très belle exposition rétrospective de l’œuvre de cet artiste décédé en 1994.
      Doisneau-Stavelot-007.JPG    Doisneau Stavelot 014   Doisneau-Stavelot-018.JPG
184 clichés, répartis en différents thèmes, nous font revivre la vie du siècle passé. Des petites gens aux soirées de gala, des rues de Paris aux nouveaux quartiers de banlieue ou à la Californie, les clichés en noir et blanc de Doisneau sont des témoins exclusifs et très intéressants d’un mode de vie, d’une époque.
 
Binche, Bruges, Bruxelles sont également présentes au travers de quelques clichés en couleur. 
               
Pour en découvrir plus :
 
 
Bon à savoir
L'abbaye de Stavelot comprend trois musées intéressants :
 
- le musée de la Principauté Stavelot-Malmédy
- le musée dédié à Guillaume Appolinaire qui vécut quelques temps à Stavelot
- le musée du circuit de Spa-Francorchamp 

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Publié le 14 Mars 2012

Gâteau au chocolat 006 

 

Ingrédients

 

- 150g de sucre + 40 g

- 240 g de farine (ou 120 g farine et 120 g Maïzena)

- 200 g de chocolat fondant (ou chocolat au lait + 1 c de cacao)

- 2,5 dl de lait demi-écrémé

- 3 oeufs

- 1 sachet de levure

- 40 g de beurre ou de margarine

 

Préparation

 

- Préchauffez le four th.6 (180°C).

- Séparez les jaunes et les blancs des oeufs.

- Battez les jaunes avec 150 g de sucre jusqu’à ce que le mélange blanchisse.

- Ajoutez la farine tamisée, la levure et le lait.

- Faites fondre doucement le beurre et le chocolat au micro-ondes

- Ajoutez-les à la préparation.

- Battez les blancs en neige puis ajoutez y le reste de sucre (40 g)

- Incorporez-les délicatement à la pâte

- Cuisson : 45 minutes

 

Bon appétit !

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Publié le 14 Mars 2012

 
Ferme la porte !!!!!!!!!!!
Excédée, elle l’est Mony de sans cesse répéter de fermer cette satanée porte seul rempart capable de la préserver un tant soit peu de ces fichus courants d’air qu’elle exècre. Pourquoi la famille circule-t-elle dans toute la maison en simple tee-shirt alors qu’elle, emmitouflée sous une couche de pulls, grelotte au moindre changement de température ?
 
Pourtant, elle l’aime sa tribu. Mais là, elle se sent, non pas déprimée, mais simplement lasse et, elle doit bien se l’avouer, un brin triste. L’arrivée de l’automne, un choix difficile pareil à un deuil du coeur ? Probablement…
 
Allons, Mony, secoue toi ma vieille ! Tu ne vas pas devenir acariâtre ! Et si tu leur faisais un gâteau ?
« Rien n'est plus beau que les mains d'une femme dans la farine »
Mony s’active, chantonne, se sent portée par les paroles de Nougaro bien que ce soit le chocolat qui prime parmi les ingrédients posés sur le plan de travail. Le délicieux « Côte d’Or » se ramollit lentement et son odeur attire un gourmand.
 
- Que mitonnes-tu qui fleure si bon ?
 
Les babines se retroussent, un petit morceau de chocolat qui a échappé au verdict de la balance de cuisine disparaît dans une bouche affichant un ravissant sourire face à un regard grondeur puis la porte de la cuisine est ouverte et refermée en douceur.
 
Hi, hi, Sioux 1 a enfin compris que la squaw a besoin de chaleur pour préparer le pemmican.
 
Beurre, farine, œufs, chocolat ;  battre, mélanger, enfourner ; minuterie. Ouf ! Mony s’installe à la table, chausse ses lunettes et saisit son livre "La dernière licorne » d’Eva Kavian" Un délice cette écriture ! La squaw ne voit pas le temps passer. C’est à peine si une seule fois elle détourne le regard pour examiner le gâteau qui enfle de bonheur sous la température élevée.
  Gâteau au chocolat 006
                                                                                           
La cuisine baigne dans la chaleur, Mony se sent bien mais au fil du temps elle étouffe. C’est le moment où Sioux 2, attiré lui aussi par les bons arômes, pénètre dans la pièce et comme Mony ne loupe jamais une contradiction, elle le supplie : « La porte ! Laisse-la entrouverte »
 
Foi de sioux, allez comprendre les femmes !
 
 
         

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Publié le 11 Mars 2012

Le personnel déambule dans l’exposition à la suite de Monsieur Martin, le directeur, et de son staff. Marie de la comptabilité expose ses patchworks, Serge, le livreur, quelques photos animalières. Trois aquarelles sont signées Jany et quatre peintures à l’huile Rob.
 
- Rob ? interroge Monsieur Martin.                                           
Son fidèle adjoint chuchote à son oreille.
- Ah ! C’est vous mon cher Robert, dit-il en se retournant vers son chef comptable.
- Bien, bien ! Je ne savais pas votre attirance pour l’art… abstrait…
Le chef comptable sent parfaitement l’ironie du ton mais il se contente de sourire.
 
Dans la deuxième salle, Alice et Claudie du secrétariat se sont associées pour présenter et offrir leur folie du moment : de délicieux cup cakes rivalisant de couleurs. Elles minaudent et rosissent sous les compliments de Monsieur Martin alors qu’intérieurement elles pestent d’avoir dû sacrifier leur week-end au nom de la cohésion du groupe. Cohésion ! Plus grand chose à en dire après le passage des affamés ! Les plateaux si savamment garnis sont quasi vides.
La tour Eifel en bâtons d’allumette de Werner est à présent sous le feu des regards. Des mains se tendent. Werner toussote de crainte. Lui qui a pris mille précautions pour transporter son trésor voue au diable cette idée d’exposition interne sur le thème « Découvrons vos talents » Pourquoi faut-il toujours faire bonne figure et ne rien savoir refuser à ses supérieurs ? Peste, peste ! Qu’est-ce que ces indifférents peuvent comprendre à sa passion ! Demain, ils se gausseront tous de lui…
- Vous faites preuve d’un bel imaginaire. Félicitations chère madame ! Madame ?
- Emilie Noode. Je travaille à l’expédition.
- Bien, bien ! Est-ce pour exorciser vos cauchemars que vous créez des masques ?
Emilie ne répond pas, elle est déjà retournée dans l’ombre ; Monsieur Martin est passé à un autre hobby.  
 
Les masques se balancent doucement sous l’effet du souffle de l’air conditionné, pour un peu on les croirait animés de vie.

Pour Emilie, ils ne sont que survie.         

 
 
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Emil Nolde            Pour Miletune

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Rédigé par Mony

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Publié le 9 Mars 2012

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Edgar Hopper   Pour Miletune

 

 

Vingt-deux heures. Mary a terminé son service au drugstore.

Exacte à notre rendez-vous journalier elle pénètre dans son studio, allume toutes les lampes puis ouvre la fenêtre qui donne sur l’impasse. Déjà elle se retourne et insère un cd des Pink Floyd, toujours le même, dans le lecteur. Et aussitôt la musique prend possession de l’espace, plane puis s’élance au dehors emportée par le courant d’air qui fait voleter le rideau léger. A nouveau Mary s’approche de la fenêtre et y reste accoudée quelques instants, les yeux fermés. Elle savoure ce bain de sons et de paroles qui la touchent au plus profond de son cœur.

 

« Another brick in the wall »  Elle émerge, danse, chantonne et au moment du solo vient se placer à la fenêtre d’angle, face à moi qui l’observe dans l’ombre de ma chambre. Un signe de la main, une imitation du guitariste, un baiser soufflé sur le bout de ses doigts fins et en réponse mon mouchoir blanc s’agite par trois fois.

 

Que savons-nous l’un de l’autre ? Si peu…

 

Nous ne sommes rien de plus que deux paumés, l’une jeune et vive, l’autre vieux et impotent. Deux cœurs qui ont su franchir le mur de l’indifférence dans ce quartier de misère.

 

-        Tu me rappelles mon père, a été sa seule confidence.

 

-        Tu m’évoques un temps heureux, a été la mienne.

 

Doucement, je baisse le store et rejoint mon lit.

En face, la lumière veillera toute la nuit pour éloigner les démons de Mary.  

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Publié le 7 Mars 2012

     
- Pas pleurer bô b’bé, pas pleurer ! Viens promener avec moi ! Pas pleurer ! Ludo va chanter.
   
« Dodo, b’bé do, toi dormir bien vite »
« Dodo, b’bé do, dormir bientôt »

Plus de pleurs, le jeune enfant intrigué par cette chanson douce s’est calmé. La poussette roule sur les trottoirs dans l’indifférence générale. Pas plus d’attention pour cet équipage que pour les pubs d'un appareil photo futuriste ou d'un parfum musqué. Les regards frôlent son ombre puis se détournent captés par d’autres images.

« Dodo, b’bé do »

La berceuse et le roulis de la poussette font miracle, le bambin s’endort calmement. Face à lui un sourire s’affiche sur une douce face de lune perdue dans son monde. Bien-être au fond d’un cœur pur.

« B’bé do » chantonne la voix émue.

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Les curieux tendent le cou pour ne rien perdre du spectacle. La sirène de l’ambulance s’est tue mais le gyrophare éclaire toujours par à coups la vitrine de la boulangerie-pâtisserie où tout le monde est en émoi. Sur le seuil, le médecin-urgentiste tente en vain de réanimer une jeune femme tombée en syncope parmi des tranches de pain éparses.
Les commentaires vont bon train : « t’as vu comme elle est maigre, fait régime la p'tite dame »
La boulangère affirme ne pas connaître cette cliente occasionnelle. Regards à la ronde, têtes qui font « non », haussements d’épaules, anonymat de la grande ville.
- Elle n’a que son porte-monnaie en poche, pas de papiers sur elle. On l’embarque, dit le médecin fataliste. Déjà les gens s’éparpillent et reprennent leur routine. Dans l’avenue un fourgon de police roulant à vive allure détourne les préoccupations. Banalités urbaines.
- Mon petit, murmure la dame qui lentement reprend ses esprits.
- Calmez-vous Madame, on s’occupe de vous, rassure l’infirmier en refermant les portières de l’ambulance.
De la galerie marchande proche surgit un homme inquiet suivi par un trio de personnes handicapées.
- Où est passé Ludo ?

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Ludo prend le petit sac en toile qui se trouve dans le filet suspendu à la poussette et le dispose comme oreiller sur le banc. Il veut dormir lui aussi. Le parc Josaphat est calme et cette absence de bruit réveille l’enfant qui se met à geindre doucement.
- Pas pleurer bô b’bé, Ludo va encore chanter.
« Dodo, b’bé do, toi dormir bien vite »
« Dodo, b’bé do, dormir bientôt »
Ludo s’est endormi en berçant la poussette. A ses côtés sous un chêne centenaire, l’enfant gazouille en regardant les canards sillonner l’étang proche.
Sur les ondes et sur le Net un avis de recherche d'un petit enfant disparu est lancé. Les médias à l’affût pointent déjà un doigt accusateur sur la négligence d’une jeune mère inconsciente à leurs yeux.

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En quittant l’hôpital accompagnée de policiers une femme effondrée se tord les mains, folle d’inquiétude, tandis qu’au même moment au commissariat un homme signale la disparition d’un des pensionnaires du home « Des Lilas »
Dans le parc Josaphat, une patrouille de police entame sa ronde habituelle.
 
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Publié le 4 Mars 2012

 

Il est des mots liés à l’un ou l’autre événement et qui se glissent insidieusement dans notre mémoire. Parfois, ils restent mystérieux. Notre curiosité reste en veilleuse, ne nous pousse pas à les décoder, les découvrir plus avant. Est-ce le nom d’une personne, d’un lieu ? Ou alors représentent-ils une organisation ? Certains ont une résonnance exotique, d’autres sont parfois difficiles à prononcer.

Et puis, petit à petit, ils restent en dormance. L’actualité ne les met plus à la une ; le monde dans sa ronde folle a trouvé une nouvelle sonorité.

 

L'un d'eux, Shengen,  est sorti de son anonymat lors d'une escapade au Luxembourg. Cet endroit paisible, situé en bord de Moselle, côtoye la France en amont et l'Allemagne en face sur l'autre rive de la rivière.

 

Luxembourg 002 

Monument érigé à l'endroit où était amarrée la péniche au bord de laquelle furent signés

les accords de Shengen

 

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Remich, voisine de Shengen, a la particularité d'être la plus petite commune du Luxembourg et le centre de la viticulture luxembourgeoise. L'endroit est convivial et de jolies ruelles en pente mènent aux vignobles.

 Luxembourg-005.JPGLuxembourg 003Luxembourg 007

 

Heureux temps hors du temps !

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Publié le 2 Mars 2012

                                                  

 

marc-chagall-a-tableMarc Chagall

 

Bella va et vient dans la salle, je la hume, je l’entends ; son odeur d’amande fraîche exacerbée par les tourbillons de ses jupons excite mes sens, ses pas souples de ballerine me cernent, m’enveloppent. J’étouffe d’un désir viril, d’un joie proche du bonheur.

 

- Ecoute Bella, Bellissima, écoute ! Assieds-toi et savoure le chant du jour qui  lentement se lève, goûte la musique de la brise dans les grands pins. Vois-tu, les oiseaux, là-haut, dans le ciel azur et le bouc dans le pré ? Et par là-bas, ces amoureux ivres d’une longue nuit de lune ne sont-ils pas la vie dans sa perpétuelle ronde ?

 

Bella ne dit rien, je me contente de sa présence auprès de moi. En pensées, je la dessine, fine esquisse féminine, aérienne comme un oiseau et je m’évade. Main dans la main, nous survolons des villages colorés. Un traineau nous emmène côtoyer des anges, de simples bouquets embaument notre parcours. Nous sommes en osmose.

 

- Bella, pose-toi à mes côtés et déguste avec délicatesse ces vers d’Aragon. Apollinaire te fait-il rêver ? Dis-moi, Bellissima quelle est ta couleur de cœur, ton mot préféré ? Et ce livre délicieux, veux-tu le partager avec moi ? A tour de rôle, nous réciterons un chapitre. Lequel de nous deux surprendra l’autre par son intonation ? Arriverais-je à t’enchanter comme m’enchante le toucher de ta peau de pêche ?

 

Autour de moi, une femme circule à petits pas de souris. Mes pauvres yeux quasi aveugles la distinguent au travers d’une triste brume mais à son odeur aigrelette je la sais si loin de ma douce Bella.

 

- Monsieur, le repas est servi. N’oubliez pas votre potion.

 

- Bella, Bellissima, je t’en prie, ne t’éloigne pas. Que serais-je sans toi ?

 

(Pour Mille-et-une)

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Publié le 28 Février 2012

 

sharpenIl y a un loup dans ma cuisine. Au début, je n’y ai pris garde mais au fil de jours, ses yeux de prédateur m’ont interpellé. De son regard perçant, il ne perd aucun de mes gestes.

Que j’ouvre le frigo, une armoire, le lave-vaisselle ; que j’émince des légumes, touille dans une casserole, réussisse un plat délicieux ou me contente d’enfourner une pizza surgelée, je sens son attention fixée sur moi.

 La cuisine n’est pas grande et il nous faut partager cet espace confiné en harmonie.

 

Parfois, je lui parle : - moi aussi j’ai connu la vie en meute, l’instinct de chasse est ancré dans mes gênes, souvent j’ai lutté pour garder ma place de dominant…

Et, de confidence en confidence, je lui conte mes exploits de loup parmi les loups.                               

Il semble s’y intéresser ou alors fait-il semblant pour m’amadouer ?      

Dans ma cuisine, il y a aussi un miroir dans lequel mon reflet n’est plus ce qu’il était naguère.

Mais lui, mon loup, je dois l’avouer, il est très beau avec son pelage soulevé par le vent des steppes et en comparaison, je me souviens de mon ancienne prestance quand auprès de mes semblables le paraître était un atout indéniable.

Il y a un loup dans ma cuisine et ses heures sont comptées.

Ce soir, avant de me coucher, je détacherai la page du calendrier et demain, il y aura deux girafes dans ma cuisine.

 

 Image Web Clic   

 

 (Pour Impromptus - signé Nym)

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Rédigé par Mony

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Publié le 23 Février 2012

Oma et opa

 

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  J'ai douze ans et demi. J’ai douze ans et demi et j’ai peur, une peur viscérale qui me tord l’estomac et bloque ma respiration. J’ai mal aussi, d’une douleur si intense qu’elle m’empêche de pleurer. J’ai douze ans et demi et je viens de quitter définitivement l’enfance.

  Je suis couchée dans le lit de mes parents, à la place de maman restée au hameau pour veiller mon grand-père. Mon père à mes côtés s’est endormi, ma main serrée dans la sienne, si puissante, si forte, chaude de vie. Comment peut-il dormir aussi sereinement après ce qui s’est passé ? Moi, j’en suis sûre, je ne dormirai plus de toute ma vie.  

     

La lampe de chevet est restée allumée à ma demande et jette des ombres fantomatiques sur les murs, mais peu m’importe, il ne faut surtout pas laisser entrer l’obscurité cette vile traîtresse. Pour ne pas penser, ne pas sombrer, j’observe la pièce sous cet angle inhabituel. La garde-robe avec son grand miroir central, le seul de la maison à refléter nos silhouettes de pied en cap, se dresse massive à ma droite. Et je me revois enfant, il y a si longtemps de cela, admirant mon déguisement de carnaval ou tourbillonnant dans une jolie robe neuve faite de volants légers gonflés par un jupon empesé.

  Mes yeux à présent suivent le tapis mural. J’en dénombre les fleurs, dix jusqu’à l’angle du mur puis huit et je rencontre l’armoire à pharmacie. Une puissante odeur, mélange subtil de camphre, d’éther et de fleurs de camomille, envahit aussitôt mes narines. Elle évoque tous les petits bobos, les nez qui coulent et les tasses de lait chaud aromatisé de miel. 

Comme en écho à mes pensées, un de mes frères se met à tousser dans la chambre voisine. Il se retourne dans son lit et le sommier gémit. Peut-être est-il éveillé lui aussi ?

     

Tic, tic, tic, mis à part le réveil qui égrène les secondes, tout redevient calme quand soudain mon coeur s’emballe. Mon regard vient de fixer le coffret de bois posé sur la tablette en marbre de la commode. C’est un petit coffret vernis tout simple, avec de jolies fleurs ciselées sur le couvercle. Maman y range quelques papiers, ses boucles d’oreilles et son collier de perles qu’elle ne porte qu’aux grandes occasions. Mon ventre se contracte tant cet objet me ramène à ce que je veux éloigner de moi, ignorer, renier. Ce coffret, c’est mon grand-père qui l’a réalisé dans son vieil atelier, là où nous jouions avec nos cousins et cousines, parmi les copeaux, dans la bonne odeur du bois frais.

  Il faut que mon coeur se calme. Je calque ma respiration sur celle de mon père, respirer, expirer, ne pas penser. Et si mon père lui aussi … ? Je l’observe un moment, j’aimerais tant qu’il me parle. Tout à l’heure, quand je me suis glissée à ses côtés, il n’a rien dit mais son regard bienveillant m’a fait comprendre que lui aussi a de la peine.

  Je dénombre à nouveau les fleurs, en diagonale, à la verticale, à l’horizontale. Je fais de savants calculs, autant de bleues, autant de roses, je m’emmêle et recommence. De la maison de notre vieux voisin collectionneur, me parviennent les sonneries des horloges, coucous et pendules, le tout ponctué par les deux coups de cloche qui s’envolent du clocher de l’église. Ces sons si coutumiers, cette nuit me déchirent. C’est le glas qui sans cesse résonne en moi.

  Mon père se réveille, il me regarde et chuchote « éteins, essaie de dormir », puis il serre ma main plus fort comme pour m’encourager, desserre son étreinte, se retourne et se rendort. Mais je n’écoute pas ses conseils et j’entrouvre doucement le tiroir de la table de nuit. J’en retire le petit flacon mauve de « Soir de Paris » dont je dévisse le capuchon et le parfum de violette fait apparaître le visage de maman. Un visage si triste, celui de tout à l’heure quand elle est venue à l’école. Il était onze heures et j’ai de suite su qu’il se passait quelque chose d’anormal. Et puis ces paroles inattendues, terrifiantes ont franchi ses lèvres : « Bon-papa est mort cette nuit, dans son sommeil …tu sais, il n’a pas souffert, il s’est simplement endormi…dimanche, il me disait encore se sentir comme un poisson dans l’eau »

  Je tremble, je frissonne mais mes yeux restent secs, tout entière je ne suis qu’un bloc de glace dur et froid. Non, je ne pleurerai pas, ce serait lui faire trop d’honneur à cette chose ignoble, la mort. Pour moi, en moi, Bon-papa est bien vivant et c’est le plus important. Je dépose le flacon sous la lampe que je frotte au passage. Peut-être un génie va-t-il apparaître et réaliser mon voeu, me rendre mon grand-père ? Hélas, on n’en est plus à l’heure des contes.

 

  … Aladin… le poisson rouge dans son bocal… Bon-papa, viens me montrer, je n’arrive pas à raboter ce bout de bois… ne touchez pas aux scies les enfants ! … savez-vous planter les choux, à la mode, à la mode… on peut avoir un peu de café pour la dînette ? Sourire complice et un peu de bière brune remplit la petite cafetière… Bon-papa, je trouve qu’il ressemble au monsieur à la pipe de la publicité émaillée du tabac Ajax, le plus jeune, c’est oncle Jean ! … j’aime mon cousin, mon cousin, ma cousine, j’aime mon cousin, mon cousin germain… la table des grands, celle des enfants, gâteau de Verviers, tarte au riz, cramique, café léger additionné de chicorée… Noël, la grande crèche digne d’une église… Bonne-maman, petite souris silencieuse au regard si doux… doux comme le coussin en satin rose du vieux sofa… quatre, cinq, six, sept, violettes, violettes…

 

  J’ai du dormir un peu, rêver peut-être ? La chambre est maintenant éclairée par les premiers rayons du soleil qui traversent les fines tentures. J’éteins la lampe, me lève doucement et m’installe sur le large appui de fenêtre, ma cachette préférée quand je jouais à cache-cache. J’aperçois dans les grands prés en contre-bas le fermier qui, aidé par son chien Tobby, rassemble les vaches pour les mener à l’étable. C’est l’heure de la première traite. Ma respiration forme de la buée sur les carreaux, je la frotte avec la manche de mon pyjama, je veux voir le ciel, il est si beau ce matin. Les nuages sont teintés de rouge, ma couleur préférée, la couleur de la vie.

  Je les observe mieux et m’aperçois que l’un d’eux a la forme d’un vieux monsieur moustachu avec une pipe à la bouche. Aussitôt toutes mes tensions disparaissent, l’étau qui me broyait se desserre, je peux respirer normalement. Bon-papa, de là-haut me sourit de ses yeux pétillant de malice et je comprends que le ciel était au bout de sa nuit. Je forme un coeur dans la buée et d’un baiser léger, je lui envoie.

 

  Je regagne alors ma chambre orangée envahie de 45 tours à la mode et de posters détachés dans « Salut les copains » et je me dis que décidément mon enfance est loin, si loin, blottie à jamais au fond de moi.

 

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Publié le 23 Février 2012

 

Pour me séduire, raconte-moi la nature

 Raconte-moi le vent qui souffle

  Raconte-moi les arbres où il s’essouffle

  Raconte-moi la rivière qui coule

  Raconte-moi les plaines où elle roucoule

  

 

Pour me séduire, raconte-moi ton enfance

 Raconte-moi tes découvertes

Raconte-moi toutes ces boîtes ouvertes

Raconte-moi tes jeux

Raconte-moi ce qui te rend heureux

 

 

Pour me séduire, raconte-moi ta vie 

 Raconte-moi tes menus plaisirs

Raconte-moi tes plus vifs désirs

Raconte-moi tes bonheurs

Raconte-moi le fond de ton cœur

 

 

Pour me séduire, raconte-moi une histoire

 Raconte-moi le loup et les sorcières

Raconte-moi, ne sois pas fier !

Raconte-moi, fais-moi rêver

Raconte-moi, laisse-toi aller

 

Pour me séduire, conte-toi  

Compte pour moi ! 

 

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Publié le 23 Février 2012

Ferdinand Hodler 

Ce texte lu par Sagine sur son site "De mes yeux à vos oreilles" est à écouter ici

 

La première est sage, posée, réfléchie, respectueuse des codes et des lois de la société. Elle analyse sainement les situations qui se présentent et prend les problèmes à bras le corps. En un mot, elle assume.

 

La deuxième est curieuse, désinvolte, joyeuse, intrépide et un brin inconsciente. Dépensière sans remords ni états d’âme, elle vit au jour le jour et croit en sa bonne étoile qui, elle en est persuadée, ne lui fera pas faux bond.

 

La troisième est inquiète, toujours en questionnement, souvent sur la défensive. Elle craint de se retrouver dans le besoin affectif ou matériel ce qui l’empêche de se détendre et de profiter des bons moments. Elle peut être acerbe et défaitiste.

 

Une quatrième est cachée et ne se livre pas. Trop secrète et mystérieuse, emplie de visions qu’elle ne peut partager, de pensées folles ou cruelles. Elle est froide, calculatrice et terriblement réaliste.

 

Toutes ces femmes s’entrecroisent, se déchirent, cohabitent tant bien que mal, l’une prenant parfois la suprématie sur les autres. Elles s’accordent, s’ignorent, s’aiment ou se haïssent mais toutes elles sont en moi me rendant à la fois femme unique et femme multiple.

 

Tout simplement femme.

 

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