Publié le 31 Août 2012

 
 
Lire, laisser voguer son imaginaire, jouer avec les mots et le voyage commence...
 
-  Les translateurs pour la nage trois sont priés de se rendre sans ultime-atom à la porte d'embaumement violette. Les translateurs pour…
AOUM s'extrait souplement du compartiment d'attente, défroisse d'un geste rapide son combinux puis va déposer son ultime-atom sur le tapis volant. En louvoyant habilement parmi les bans de touristes, elle parvient la première devant le serf-baire de faction à la porte violette. Elle y introduit sa quartpus et finalise les formalités.
 
- Nom ?
- JE
- Accole nom ?
- AOUM
- Période de péremption ?
- Deuxième Saturnade de Julius XZP
- Pistil ou étamine ?
- Etamine
- Bien, votre entité est compadiskée. Avant l'embastisage, veuillez vous rendre au binparme et vous immerger totalement. Bonne nage.
 
AOUM sent monter en elle une tension euphorique. Elle tirelise depuis tellement de satures pour s'offrir cette nage ! Enfin, le grand moment est arrivé. Le binparme n'est pas une temporité très agréable, du moins au goût d'AOUM mais elle suit à la lettre les instructions distillées par MAA TROON, un imposant pistil. Elle plonge dans la cuve d'extraits de fleurs lyophilisées, laisse son entité s'embaumer d'un parfum entêtant et, soulagée d'en finir avec ce cérémonial indispensable, elle cède la place à un autre translateur. Son combinux fluocarisé par le binparme colle au moindre pore de son aura et lui donne un joli teint violine. Déjà, AOUM sent les bienfaits de ce ressourcement dans l'amniose originelle. Son entité est plus compacte, son palpitant plus léger.
 
- Humono JE ?
 
Peu aguerrie aux technologies des nouveaux nages-opérators, elle sursaute en percevant la voix suave qui l'interpelle. Mentalement, elle y répond par l'affirmative et suivant les directives télépathiées elle s'installe à bord du Batis, à dextrio, deuxième allée côté hublot. Rapidement, toutes les places sont occupées par des humonos d'origines diverses. Une famille de sanfrais, un couple liendaustra, un groupe de jeunes doises...
AOUM est ravie, elle aime ce brassage d'humonos,  cette variété d'entité. A ses côtés, un pistil talri s'est installé. Lui aussi irradie des ondes violines et à leur contact AOUM est transportée de joie.
Le départ est imminent, le Batis vibre doucement, il exécute un quart de tour sur lui-même puis s'enfonce dans le Grandindigo. La voix décompte les étapes : premier sous-mair, deuxième sous-mair et ainsi de suite. Les yeux fixés au hublot, AOUM découvre émerveillée des mones âgées de plusieurs centaines d'années, des étoiles-filaments de toutes les nuances et le plancton composé d'éléments à l'origine des humonos, qui nourrissent encore et toujours des chats-poissons et autres animus.
Une lueur lointaine devient à chaque sous-mair une clarté de plus en plus lumineuse et bientôt la voix annonce : - le Batis entre en @.Bis. Nous avons été ravis de vous compter parmi nos translateurs et nous vous souhaitons un bon séjour à @.Biscyti.
  
@.Biscyti, enfin elle y est ! Son ultime-atom récupéré au passage du tapis volant, AOUM se dirige sans tarder vers le but de sa nage, vers ce lieu tant de fois rêvé et évoqué, le quartier de l'Encan dans le centre-cyti. Comme elle l'espérait, elle y découvre ABÂ, le commiprise délégué par Nepséidon, grand seigneur d'@.bis. Une foule cosmospolite se presse autour de lui attirée par la cédation à l'encan des trésors découverts dans les profondeurs sous-grandindigotes. De tous côtés, des humonos collectors et des @.bicotes férus d'antiquités lancent d'une voix haute des montants que notent les sbires dévoués à ABÂ. Celui-ci, d'un air blasé, clôture l'enchère et une @.bicote visiblement batte de sa chance se voit remettre une amphore d'un étrange vert céladon en échange d'une liée d'humos.
 
AOUM observe les transactions tout en se dirigeant vers les trésors mis à l'encan. Ancre rouillée, bouteilles, statuettes de bronze, pièces de monnaie se suivent à l'infini mais elle n'y prend garde. Son gépéèce intégré à son combilux l'oriente irrésistiblement vers un petit coffret désuet. Intriguée, elle l'ouvre et comprend en une temporité-éclair ce qu'elle attendait de cette nage trois. Surtout, surtout, il lui faut cacher son soleil interne et d'une démarche chaloupée, elle se loigne du coffret. Son palpitant cliquote à un rythme soutenu et son beau teint violine vire au carmin.
 
Ainsi, la légende des JE disait vrai, la médacoration magique, emblême et puissant bénéfe de la famille s'était bien perdue lors d'une nage agitée par un tourbillon sous-grandindigote en des temps lointains. Il est impératif qu'elle regagne sa place parmi les siens. Commence alors pour AOUM une longue sature. Quand vient enfin la présentation du petit coffret, elle interpelle le commiprise ABÂ en lui tendant un parchemin très ancien qu'elle a extrait de son ultime-atom. La foule se tait, intriguée par cette cédure inhabituelle. Après avoir pris connaissance du parchemin testant de l'appartence du coffret à la famille JE, ABÂ s'incline devant AOUM et procède à une cédation en règle au nom de Nepséidon.
 
- Gloire et vie au grand seigneur d'@.bis, grâce à lui et à l'encan, ma famille va retrouver sa dignité.
AOUM a prononcé ces mots de sa belle voix virile. Elle doit à présent rejoindre au plus vite le Batis, l'effet propice du binparme a tendance à se dissiper et les saintômes de la présurateure se font ressentir. Dans quelques saturnes, le temps de remonter tous les sous-mairs, AOUM aura rejoint les siens et sa mission accomplie, elle pourra enfin envisager de séduire un pistil et de devenir père.
 
 
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Publié le 27 Août 2012

 
Arsène est fiévreux. Ronchon et fiévreux. Ce maudit mal de gorge qu’il traîne depuis la veille le ramène à sa jeunesse et il n’aime pas se souvenir de sa jeunesse à la santé délicate Arsène. La varicelle puis la scarlatine qu’il avait contractées alors que sa sœur était épargnée… et les oreillons… après la puberté ! Quelle déveine !
 
Pourquoi les microbes s’acharnaient-ils toujours sur lui et épargnaient-ils sa sœur, pff ! cette cocotte ? Des années sans la voir, la soeurette... Depuis… depuis quand déjà ? Arsène ne le sait plus. C’est de sa faute aussi à Marie ! Quelle idée de se faire engrosser quatre fois de suite !
« Lapine ! » Verdict sans appel lancé à la face de la future mère entourée de ses trois marmots. C’était en…? Pff ! Quelle importance ! Plus vu sa sœur depuis lors.
 
Le lait est à bonne température. Arsène coupe le gaz et d’un geste tremblant verse le liquide chaud sur le miel, touille dans le bol et avale cette panacée trop sucrée à son goût. Grimaces. Soupirs. Rien à voir avec un ti punch avec du sucre de canne et du citron vert comme il a pu en siroter aux Antilles mais, pff ! sa réserve de rhum est épuisée. Pas prévu d’être cloué si piteusement à la maison, lui d’ordinaire si clairvoyant !
 
Pff ! En traînant la jambe gauche, il se dirige vers son bureau. Maudit mal de gorge ! Maudite jambe ! Maudit séjour en Afrique ! Ce soir Arsène broie du noir et seule sa collection de papillons peut le consoler de cet environnement hostile.
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Penché sur ses tiroirs il entre dans son monde en suivant toujours le même rituel : d’abord les espèces d’Europe avec en tête un sphinx des vignes, sa première capture.
 
Marie ressurgit dans son esprit. Il la revoit lors des vacances à Saint-Jean-de-Cuculle chez leurs grands-parents maternels, belle et si féminine coiffée d’un chapeau de paille. Il l’entend surtout le traiter de cruel d'avoir épinglé « cette petite bête qui ne demandait qu’à vivre » Pff ! Sensibilité de minette. Minette ? Assurément grand-mère à présent ! Pff ! Il passe ensuite en revue les insectes d’Amérique du sud puis ceux d’Afrique et des îles. Que de pays parcourus pour dénicher ses trésors.
 
Un brusque élancement dans sa jambe l’oblige à s’asseoir en gémissant. Tout cela à cause d’un gnou énervé de le sentir dans ses parages avec le filet à papillons. Une ruade et Arsène s’était écroulé la cuisse gauche déchirée. Pas de soins immédiats et pour cause il se trouvait à mille lieues de tout. Verdict : tendons irrémédiablement abîmés et l’âge n’arrange rien bien au contraire. Pff ! Pas de chance. Il est loin le joli jeune homme tant admiré des amies de Marie.
 
Arsène transpire, tousse et se met à pleurer. Etonné de ses larmes qui jaillissent à flots, il jette un regard dans le miroir et découvre un vieillard au masque de pierre. Seul ! Il est seul et cette solitude soudain lui pèse. Maudits oreillons départ de son malheur ! Sans eux il aurait pu lui aussi donner la vie.
 
Pff ! Un dernier coup d'oeil embué vers son vis à vis et sa décision est prise.
Arsène va contacter Marie et lui demander pardon de s’être conduit jadis comme un goujat et quelle que soit sa réponse, il se sentira enfin réconcilié avec lui-même.
 
 
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Publié le 21 Août 2012

 
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Recherche du plaisir toujours en sus jamais à l’apogée
 
Quatre ans excisée à tout jamais mutilée
 
 
 Restos festins ripailles grands crus
 
Six ans ventre pansu mais non repu
 
 
 Soixante paires de chaussures laquelle choisir ?
 
Huit ans pieds à l’étroit ne peuvent prétendre grandir
 
 
 Voyages lointains été hiver
 
Dix ans c’est comment la mer ?
 
 
 Poubelle débordante de tout de rien
 
Douze ans ronge un os tel un chien
 
 
 Lycée leçons particulières danse beaux atours
 
Quatorze ans travaille douze heures par jour
 
 
 Lire écrire s’exprimer aimer lui ou elle sans frein
 
Seize ans mendie bébé collé à son sein
 
 
 Blasé dépressif besoin de se ressourcer gourou
 
Dix-huit ans fanée espère envers et contre tout
 
 
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Publié le 19 Août 2012

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La soirée est douce et la belle ville enfile lentement sa tenue de nuit. Mais pour moi, Seine, la vie est folle au point de ne plus discerner les méandres où se perdent mes jours et mes nuits. Aussi mon désarroi est-il grand quand je découvre un inconnu au creux de mon lit. Quand s’est-il immiscé au cœur de ma couche ? Ai-je à ce point manqué de vigilance pour perdre ainsi toute intimité? Ou alors ai-je harponné cet homme dans un excès de séduction dont je m’avoue capable ? Je n’en ai pas le moindre souvenir !
Bientôt, il dort à mes côtés, tranquille, et je ne sais rien de lui.
Hélas, cet amant de passage est bien trop sage face à mon tempérament fougueux. Bien trop sage ! Aussi je prends l’initiative et je l’entraîne dans mes délires espérant le libérer de ses entraves. Nos corps se mélangent, s’unissent. Nous valsons, nous tanguons, nous délirons. La nuit se transforme en une série de cascades de plaisir et il me suit obéissant, docile. Il m’a voulue et, généreuse, je lui offre le plus profond de moi-même, le plus secret.
 
Mais lui en retour pourquoi ne se livre-t-il pas ? Pourquoi reste-il cantonné dans son rôle de pantin ? Alors que je bouillonne encore d’ardeur il se fait lourd, de plus en plus lourd et ses traits altérés avouent une certaine fatigue de la vie. Il dort.
 
Il dort ! Et à mon tour, recrue de fatigue, je me lasse de tout tumulte.
Il flotte, inerte ; je m’assagis.
Après avoir dépassé doucement un ultime pont, je débarque mon éphémère soupirant dans la ruelle gauche de mon lit. Déjà l’aurore se profile à l’horizon et je perçois au loin l’appel de mon seul et véritable amour. A l’entendre, je reprends goût à la vie et ne suis plus qu’un cri : « Grand Large me voici ! »
 
 
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Publié le 13 Août 2012

 
    Dans l’armoire de la cuisine de mon enfance trônait majestueuse, alléchante, tentatrice et combien de fois maniée une jolie boîte métallique décorée de motifs colorés. Il me suffisait de soulever son couvercle pour humer la bonne odeur dégagée par son contenu. Cuberdons, gommes, souris, violettes, menthes, caramels et autres chiques* aux parfums mélangés me mettaient l’eau à la bouche. J’avais envie de les savourer, de m’en délecter tout en les laissant fondre lentement, l’une après l’autre, sur ma langue. Mais il n’était pas question de se servir sans l’autorisation de Maman et comme pour les fraises ou les carrés de chocolat, nous devions nous contenter de la part accordée à chacun. Cinq fraises, trois carrés de chocolat, deux chiques…
 
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    Bien sûr, la tentation était grande pour la petite gourmande que j’étais et il m’arrivait, alors que Maman était descendue à la cave ou montée à l’étage, de plonger rapidement la main dans ce trésor de sucreries. Vite, vite, tous ces délices fondaient dans ma bouche et au retour de ma mère j’affichais sur mon visage un air de parfaite innocence. Et pourtant, malgré mes efforts, le dialogue tant redouté était souvent au rendez-vous :
 
- Qui a été dans la boîte à chiques ?
- Pas moi !
- Est-ce bien vrai ? Laisse-moi sentir ton petit doigt.
 
Alors, crânement, je lui présentais mon index tendu.
- Non, pas celui là, disait maman, le petit doigt !
 
Moins faraude, je m’exécutais, l’auriculaire tremblant légèrement.
- Mmm, décrétait Maman, il ne sent pas bon ! Je pense que tu mens.
Privée de friandises pour le restant de la journée, je triturais ce petit bout de moi pour me venger de son infamie, puis, je le portais à mes narines pour tenter de sentir cette fameuse mauvaise odeur que seule Maman percevait.
 
Aujourd’hui, alors que j’aime toujours autant les friandises, il m’arrive encore de repenser à ce petit doigt au délicieux parfum d’innocence et d’honnêteté.
 
 
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* chique : bonbon, sucrerie dans certaines régions de Belgique
 

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Publié le 10 Août 2012

Quand j’aurai rangé le grenier…
Quand j’aurai…
Quand…
 
  Quand j’aurai rangé le grenier, me serai dépouillée des souvenirs accumulés ; quand je connaîtrai tous les mots de chacune des langues de la Terre et qu’avec tous je pourrai communiquer ; quand mes souliers seront usés de tous les voyages effectués, de tous les sentiers foulés ; quand j’aurai lu tous les livres des bibliothèques, des plus poussiéreux aux pages écornées à ceux à l’encre encore fraîche ; quand de toutes les fleurs j’aurai fait des brassées de bouquets à suspendre aux portes des maisons ; quand les sons les plus assourdissants ne seront plus que douce mélodie ; quand, au hasard, les dés lancés auront montré toutes les facettes de ce monde ; quand tout cela et que ma soif sera intense, j’irai m’abreuver à la source de mon enfance puis je gravirai la colline où là, immobile, l’Oiseau sacré m’attendra. Sans un mot je le saluerai et blottie entre ses ailes je m’évaderai en abandonnant ici bas toutes mes peurs, toutes mes rancoeurs, tout le fiel de mon coeur.
 
La dernière phrase terminée, le dernier mot lu, le roman me laisse troublée, je n’arrive pas à me détacher de cette femme étrange. Elle semble avoir pris possession de ma pensée, s’être incrustée profondément dans mon âme. Elle est moi et je suis elle. Où est la frontière entre la réalité et l’imaginaire ? Comment l'auteur a t-il pu décrire à ce point ce que je ressens ?
 
Doucement je referme le livre et j’ai la curieuse sensation de m’emprisonner dans un labyrinthe de mots, dans un dédale de vocables qui tous m’appellent et chuchotent mon prénom. Je suis happée, aspirée par des tourbillons de vent, mes cheveux dénoués flottent sur mes épaules, mes paupières clignent sous l’effet de la brusque lumière apparaissant au loin et mystérieusement je me retrouve installée sur le dos doux et soyeux de l’Oiseau sacré.
 
En dessous de nous défilent toutes les contrées de la Terre, des lieux de joie ou de misère, des régions parcourues jadis en quête d’inaccessible et de renouveau, des endroits où j’espérais découvrir l’entente et la complicité et pourtant des dunes du Sahara ivres de soleil aux confins des steppes arides, de la forêt amazonienne à la végétation luxuriante aux sommets enneigés de l’Everest, du Nord au Sud, de l’Arctique à l’Antarctique, de la mer de Corail aux mers intérieures, partout, je n’avais trouvé que des peuplades fières et arrogantes.
 
Mais à présent je ressens toute leur richesse intérieure, toutes leurs valeurs. Je savoure leurs dialectes riches de mille subtilités, leurs coutumes qui remontent parfois à la création du monde et je comprends que la fierté et l'arrogance étaient en moi seule. Du sol, me parviennent des musiques métissées, des odeurs mélangées de cannelle et de vanille, de jasmin et de roses et toujours l’Oiseau sacré poursuit son vol vers la lumière. Il me conduit des jardins de Babylone au Mont des Oliviers, survole la bibliothèque d’Alexandrie et tous les récits anciens pénètrent en moi ; je deviens universelle.
 
Une voix de femme chante à mes oreilles, la lumière devient plus intense, je suis lumière, je connais enfin la plénitude. Je suis débarrassée à jamais de mes angoisses et de mes questionnements. La musique, la voix, l’oiseau, la lumière... le radio réveil...
 
… - Il est 6 heures 20’ et comme Patricia Kaas vient de le chanter, nous entrons dans la lumière d’une matinée que le service météo nous promet ensoleillée. Voici à présent des nouvelles des routes...
 
J’ouvre les yeux et j'aperçois la lampe de chevet allumée, les tentures agacées par une légère brise et sur le parquet le livre qui a glissé de mes mains lorsque je me suis endormie. Je tends le bras pour le ramasser et mes doigts effleurent une matière douce et soyeuse.
 
Cette nuit, l’Oiseau sacré a signé mon rêve de sa plume. 
 
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Publié le 6 Août 2012

 

 

Huit jours… devenus huit mois à traîner mon spleen comme un boulet, à l’attendre lui, Simon, à espérer un message, à quémander un iota d’amour !

Marre ! Marre ! Marre !

Ce matin, c’est décidé, je me secoue le popotin. Un brouillard se lève en moi laissant apparaître une évidence : demain j’aurai trente ans, assez de temps perdu. Adieu la grisaille, les rancoeurs… Simon… Adieu vieux salaud, tu n’auras pas ma peau. Non, tu ne me détruiras plus à délivrer ton pseudo amour au compte-goutte. Cours, vole, papillonne, va de cœur en cœur, époumone-toi, vis ta vie, désormais ce n’est plus la mienne. Basta, du vent, de l’air, je te zappe de mon univers…

Mon univers… Le café chaud embaume le studio minuscule. J’en rempli une tasse, ajoute une lichette de lait et vais me poster à la fenêtre. La lumière, le soleil, me retrouver, voilà ce dont j’ai besoin.

Il y a huit mois j’avais des rêves. Pourquoi les avoir abandonnés ? Ils sont là, bien au chaud, un rien suffirait à les voir s’épanouir. Et ce rien désormais est en moi, je le sais, je le sens.

 

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Marine est attablée de l'autre côté de l'avenue à la terrasse du « Sultan » Je lui fais un grand signe de la main et elle y répond en agitant son foulard blanc. Ce signal de connivence nous lie depuis l’adolescence et provoque en moi un petit pincement doux comme une caresse. Hier, quand je l’ai appelée elle m’a dit son plaisir de m’entendre. Pourquoi l’ai-je délaissée durant tout ce temps ? Pour Simon ? Sera-t-elle toujours partante pour notre projet alors que je l’ai si lâchement abandonnée ? Une foule de questions se bouscule dans ma tête. Une grande partie de la nuit je l’ai passée à compulser mes croquis, à crayonner d’autres modèles, à imaginer des combinaisons de coloris, de tissus. Il y a huit mois, Marine et moi nous en étions au stade de trouver un nom pour notre future ligne de vêtements d’enfants. Me croira-t-elle quand je lui dirai l’avoir peut-être déniché ce matin en écoutant la radio ?

 

 Odeurs des myrtils

Dans les grands paniers

Que demeure-t-il

De nous au grenier

Odeur des myrtils

Dans les grands paniers

 

Cette ancienne chanson de Jean Ferrat a fait apparaître Mamie et toute mon enfance a ressurgi en une bouffée de joie. Combien de fois avons-nous fredonné ensemble ces paroles ? Et l’évidence m’est apparue comme un cadeau d’anniversaire. Comme j’ai hâte de le partager avec Marine. Pourquoi ne pas signer nos créations M. comme Myrtil…

 

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L’impact violent projette la jeune femme contre la bordure du trottoir tandis que la voiture folle s’encastre dans la vitrine de la boulangerie. Du sang frais perle des narines de Maude, ses jolis cheveux auburn se teintent de rouge et son regard déjà est absent. Autour d’elle, des croquis s’envolent au vent léger.

 

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      http://www.jukebo.fr/jean-ferrat/clip,odeur-des-myrtils,q5vqzf.html

 

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Publié le 2 Août 2012

 

- Yvonne a toujours trois casseroles sur le feu, dit souvent Papy.

Yvonne, ma Mamy, est une grande organisatrice. Cet été, elle a emmené le groupe des retraités du village visiter la ville de Bruxelles et son Palais Royal.

Malgré le beau temps Papy souffrait d’une angine alors je l’ai remplacé auprès de Mamy.

- Je te la confie gamin, m’a-t-il dit d’une voix grave et enrouée.

Quand il m’appelle gamin, je sais que c’est du sérieux et que je dois faire gaffe.

 

Avec Maëlys, en vacances chez sa grand-mère, nous étions les seuls enfants dans le car bien rempli.

Pendant le trajet sur l’autoroute, Mamy a fait chanter les personnes, elle a proposé des devinettes, des quiz et puis, zut ! elle s’est souvenue de moi.

- Tibor, toi qui connais de si jolis poèmes, tu pourrais nous en réciter un au micro, a-t-elle lancé bien fort.

La honte ! J’ai senti mes joues s’échauffer !

- Tibor ! Tibor ! ont scandé les personnes pour m’encourager.

Pris au piège, le Tibor !

J’ai récité « Le caillou » de Pierre Coran, un texte très court.

Les gens ont apprécié et Mamy m’a soufflé  - récite aussi « La sauterelle »

Ce poème là, je l’aime trop parce que plus tard je veux être un spécialiste des insectes, un « en-to-mo-lo-gis-te » comme j’en ai vu à la télé. Mamy me l’a fait apprendre par cœur et avec des mimiques ce qui m’a valu les applaudissements des retraités.

Quand je suis revenu à ma place, Maëlys m’a décoché un grand sourire. Ouf ! Je n’avais pas été trop ridicule !

Mais déjà nous étions à destination et Mamy a repris le groupe en main.

 

Visite de la Grand-Place, passage chez le Manneken-Pis et ensuite nous avons fait une pause pour déjeuner librement.

A quatorze heures trente, nous étions à nouveau rassemblés et le chauffeur nous a conduits au Palais Royal. Ce bâtiment est grand, vieux et, bizarrement, le roi n’y vit pas. C’est comme un musée, rempli de choses anciennes. Avec Maëly on a rigolé en douce en voyant les pensionnés s’extasier devant des meubles antiques et des peintures grandes comme un pan de mur du salon. Mais surprise ! J’ai été fasciné de découvrir un plafond et des lustres garnis d’élytres de scarabées aux reflets verts et bleus. Triste aussi, d’imaginer toutes ces petites bêtes sacrifiées pour faire joli.

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Après la visite, il a fallu trouver au plus vite l’endroit des toilettes et en attendant que tout le monde y soit passé, Maëlys et moi on a joué dans la cour intérieure jusqu’à ce que Mamy batte le rappel.

- Allons, rassemblement ! L’autocariste nous attend pour le retour !

 

- Quarante-huit, quarante-neuf… Il manque quelqu’un !

- Qui manque ? a crié Mamy.

Tout le monde a regardé son voisin ou sa voisine et une voix a lancé : c’est madame Janssens.

J’ai vu passer une lueur d’interrogation et de panique dans les yeux de Mamy. Où était madame Janssens ?

- Mamy, de la cour j’ai vu une dame assise sur une chaise dans le grand hall.

 

Gardienne de muséeDe retour au Palais Royal, Mamy et moi nous avons découvert madame Janssens profondément endormie sur sa chaise. Mamy, soulagée, l’a réveillée en douceur et madame Janssens, pas très fière, a rejoint le car sous les regards ironiques des autres retraités.

 

Quand nous sommes rentrés à la maison, Papy a demandé : quoi de neuf ? Pas de problème, tout s’est bien passé ?

Et Mamy en me faisant un clin d’œil a répondu : pas de problème, Henri, c’était une journée parfaite. Pas vrai Tibor ?

 

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La sauterelle de Pierre Coran - Clic

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