Publié le 27 Janvier 2015

Concerne : déclaration sinistre-incendie

Madame la Marquise,

un fâcheux incident dû au zèle d’un employé occupé à la déchiqueteuse à papier a fait disparaître la déclaration de sinistre-incendie que vous aviez adressée à notre compagnie d’assurances et nous en sommes sincèrement désolés.

Auriez-vous l’obligeance de nous fournir une copie de ce document ?

Dans cette attente, je vous prie de croire, Madame la Marquise, à l'expression de nos sentiments distingués.


M. Alâdrois

Assurances Toutrisque

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Concerne : déclaration sinistre-incendie

Monsieur Maladroit,

dans le désarroi qui fut mien j’ai égaré la copie de ma déclaration de sinistre aussi vais-je tenter de la réitérer succinctement de mémoire.

    • Tout cela est dû à l’impétuosité de Max le chien de feu mon époux. Cet animal n’a jamais supporté la délicatesse de Mimine, ma chère chatte persane et quand celle-ci après sa sieste a voulu me rejoindre au jardin où, accompagnée de Firmin, notre jardinier, je cueillais des roses, il l’a poursuivie comme un malotru.

    • Mimine, apeurée, a tenté avec courage de semer son tortionnaire. Imaginez, Monsieur Maladroit, quelle fût sa terreur quand elle se faufila entre les artificiers s’activant à la préparation du son et lumière devant avoir lieu le soir même.

    • Il faut savoir en effet que malgré l’accident malencontreux et fatal dont fut victime mon époux au cours de la dernière saison de chasse je tenais à poursuivre la tradition annuelle d’ouvrir nos parc et jardins aux braves gens des alentours et à leur offrir un feu d’artifice…

    • Max, Monsieur Maladroit, est un chien imposant. Il bouscula un artificier qui s’apprêtait à faire un essai. Déséquilibré, le brave homme laissa s’échapper la mèche allumée qui chuta sur les explosifs. Il s’ensuivit des tirs impromptus qui nous surprirent Firmin et moi au point de nous faire accourir vers le château en abandonnant les gerbes de fleurs prévues pour agrémenter le décor.

    • Une fenêtre de mansarde était restée ouverte, celle où étaient entreposés des pagnes, vestiges de la collection africaine d’un aïeul de mon mari. Hélas, une étincelle en profita pour propager le feu à la paille de mil très sèche et de là à toute la bâtisse.

     • Les pompiers alertés connurent des ennuis de véhicule. Songez, Monsieur Maladroit, à ce qu’il advient de perdre la calandre et de crever deux pneus dans ces circonstances… Quand enfin ils sont parvenus au château l’incendie était impressionnant.

    • Hélas, trois fois hélas, la pression de la conduite d’eau n’étant pas suffisante sur notre colline les soldats du feu se virent contraints de puiser l’eau dans le grand bassin. Pour l’anecdote, le chauffeur en manœuvrant décapita la statue ancestrale qui le borde mais comme me l'a dit le capitaine, il y a toujours des dégâts collatéraux.

    • Notre splendide bassin fut vidé, les carpes en manque d’oxygène se débattirent en vain mais le sinistre put enfin être circonscrit.

    • Comme vous pourrez le constater au travers des deux photos que je joins à ce courrier ma demeure est désormais inhabitable et le domaine tout entier présente un aspect pitoyable et dévasté évoquant de sinistres souvenirs de guerre.

    • Mon seul bonheur est d’avoir retrouvé Mimine, ma douce chatte, saine et sauve et d’être hébergée chez Firmin, mon fidèle jardinier. C’est avec beaucoup d’impatience que j’espère de vos nouvelles pour enfin envisager l’avenir.

Bien à vous,

 

Cunégonde de la Déveine,

Marquise de la Guigne

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