Publié le 31 Janvier 2013
mes sucres d'orge
Publié le 8 Décembre 2012
Ce texte écrit pour Miletune est une suite à
"Le plus beau bouquet du monde"
publié ici même le 20/05/2012 (clic pour le redécouvrir)
Les textes de JACO sont désormais réunis dans un livret.
Je vous invite à le parcourir ici : clic
- Tu m’en fais voir de toutes les couleurs, ça peut plus continuer, moi, j’en peux plus ! disait l’Marcel.
Jaco, il avait pas compris pourquoi son frère s’énervait, c’est vrai quoi, c’est joli les couleurs. Faut dire que depuis la mort de leur père, l’Marcel il s’occupait tout seul de la ferme alors que son rêve c’était de vivre pépère en ville comme il le répétait souvent. Jaco, lui, n’appréciait pas la ville. Ce qu’il aimait c’était d’accompagner son père dans la bétaillère quand il faisait sa tournée hebdomadaire pour acheter les veaux. C’est mignon les petits veaux qui viennent de naître et qui tremblent sur leurs pattes.
- Brosse les bien Jaco, disait Papa avant le passage du grand camion, on en retirera un meilleur prix.
Fini le commerce des veaux, l’Marcel il avait plus le temps et la bétaillère n’était plus dans la grange. Pfut ! Disparue un jour pendant la promenade de Jaco.
Souvent il y pensait la nuit, Jaco, et à son père aussi. Alors parfois, il ne savait pas pourquoi, il faisait pipi au lit et au matin l’Marcel il parlait des couleurs.
Un vendredi, Jaco s’était rendu avec son frère chez Maître Angelot.
- Non, pas Angelot, Jaco, Maître Angenot !
Jaco, il rigolait dans sa tête et continuait à dire Angelot en pensant à ceux qui entouraient la belle dame et son petit dans la chapelle du hameau.
Le Maître, c’était pas un Maître comme à l’école, il avait lu très vite des mots écrits sur un grand papier et puis l’Marcel il avait signé. La ferme était vendue et Jaco mis sous tutelle. Quel mot bizarre !
Maintenant, plus de lit froid et mouillé au réveil. Dans sa petite chambre à "L'Arc-en-ciel" Jaco se sent bien. Il l’a décorée avec les photos de Papa et avec tous les trésors qu’il avait ramassés pendant ses balades… une étagère pour les pierres, une autre pour les bouts de bois aux formes rigolotes… et sur le petit bureau il a placé le pot d'où jaillissent ses vieux crayons de couleur. Il y en a des longs puis des plus courts, des mâchouillés avec le bout tout décoloré et aussi des couleurs en double. Jaco aime bien dessiner et colorier.
Aujourd’hui, madame Marthe, une vieille dame qui s’occupe de la petite chapelle, a fait le trajet en bus jusqu’à "L’Arc-en-ciel" pour dire bonjour à Jaco et Jaco est très fier de la belle boîte de crayons de couleur offerte par son amie. Elle a aussi donné à Jaco une grande enveloppe sur laquelle elle a écrit son adresse et collé un beau timbre représentant une jolie crèche avec la belle dame et son petit comme dans la chapelle.
- Tu me feras un beau dessin et tu me l’enverras pour Noël. Promis mon Jaco ?
Jaco s’est mis à l’ouvrage sitôt le départ de madame Marthe. D’abord, il a étalé soigneusement les nouveaux crayons bien taillés en veillant à regrouper les couleurs. Les verts, puis les bleus… il a réfléchi où placer le noir… les mauve, les rose, l’orange, le jaune… Comme c’est joli et plein de vie !
Puis Jaco a saisi un de ses vieux crayons et, concentré, la langue sortant au coin de sa bouche, il a entamé le dessin de la chapelle.
Pour Marcel, il coloriera toutes les fleurs qu’avec d’autres jeunes adultes, handicapés comme lui, il cultive dans les serres de "L'Arc-en-ciel"
Sûr, Papa serait fier de lui !
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Publié le 15 Novembre 2012
Publié le 4 Novembre 2012
Je m’ennuie ! Mamy participe à son atelier de peinture et je n’ai pas voulu l’accompagner. Ses amies sont bien gentilles mais je devine leurs questions assommantes : les examens se sont bien passés ? Ainsi tu es en vacances chez Papy et Mamy ?
Ben, oui, si je suis là, c’est que je suis en vacances et, non, les examens ne se sont pas bien passés, j’ai même réussi à avoir un échec en géographie. Pourtant, grâce à mon Papy, la géo c’est mon cours préféré !
Papy, il était capitaine au long cours et ensemble nous avons si souvent feuilleté son vieil Atlas rouge que je suis incollable sur les mers, les océans, les ports…
Zeebrugge, Tampa, Hong-Kong, Sydney, Le Havre, Rotterdam, Kobe, Singapour, Bombay, Marseille, Vancouver… je sais situer toutes ses villes sur une carte et citer la mer qui les borde. Alors mon échec, c’est un peu comme une épine dans un doigt !
- Marine, viens voir ce que j’ai retrouvé !
Papy est assis au salon et il feuillette un album-photo. Bof !
- Tu sais, quand je rentrais à la maison après un long voyage, j’étais content de circuler sur la terre ferme et de faire de longues promenades. Parfois, nous partions en camping. Regarde ces photos, elles ont été prises en montagne.
C’est rigolo de découvrir maman en petite fille comme moi.
Et Papy sans lunettes et avec des cheveux noirs.
Mamy est bien jolie avec sa longue tresse blonde, je ne l’avais jamais vue en short.
- Et là, Papy, vous êtes tout mouillés. Pourquoi ?
- Nous étions partis en promenade et un orage violent nous a surpris. En quelques secondes, nous étions trempés de la tête aux pieds et le froid nous faisait trembler. Heureusement, nous avons pu regagner assez vite la voiture et rentrer au camping mais là, une mauvaise surprise nous attendait. Regarde cette photo, tu y vois dans quel état nous avons retrouvé notre tente. La toile avait percé sous la quantité d’eau et tout le matériel, les vêtements, les couchettes en étaient imbibés.
- Et alors qu’avez vous fait ?
- D’abord, on s’est occupé de ta mère, nous avons veillé à la mettre à l’abri et au chaud et puis, comme sur un navire, nous avons fait le point : ou nous repliions bagages et rentrions chez nous au plus vite ou nous attendions la fin de l’orage pour décider de la suite de nos vacances.
- Et ?
- Et nous avons attendu le retour du soleil. Bien sûr, cela ne s’est pas fait sans peine, il a fallu nettoyer et sécher le tout mais deux jours plus tard, nous étions à nouveau sur les chemins. Mais…
- Mais ?
- Et bien, je peux bien l’avouer maintenant, j’ai bien failli baisser les bras et reprendre au plus vite le chemin de la maison. Tu vois, parfois, il faut se laisser le temps de la réflexion. Tiens, écoute, voilà Mamy !
Elle est délicieuse la tarte aux cerises que Mamy a ramenée de la ville, Papy en est déjà à son deuxième morceau.
- Qu’avez-vous fait tous les deux pendant mon absence ? demande Mamy.
- Nous avons regardé des photos, répond Papy en me faisant un clin d’œil.
Il n’y a pas à dire, Papy est un peu magicien, je sens qu’il a deviné qu'à la maison la météo est parfois à l’orage et que j’ai entendu Maman et Papa parler d’une petite escapade pour faire le point…
Je lui rends son clin d’œil avec un grand sourire.
L’épine dans mon doigt me fait déjà moins souffrir.
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Peinture : Danielle Allard (clic)
Publié le 6 Octobre 2012
Publié le 2 Août 2012
- Yvonne a toujours trois casseroles sur le feu, dit souvent Papy.
Yvonne, ma Mamy, est une grande organisatrice. Cet été, elle a emmené le groupe des retraités du village visiter la ville de Bruxelles et son Palais Royal.
Malgré le beau temps Papy souffrait d’une angine alors je l’ai remplacé auprès de Mamy.
- Je te la confie gamin, m’a-t-il dit d’une voix grave et enrouée.
Quand il m’appelle gamin, je sais que c’est du sérieux et que je dois faire gaffe.
Avec Maëlys, en vacances chez sa grand-mère, nous étions les seuls enfants dans le car bien rempli.
Pendant le trajet sur l’autoroute, Mamy a fait chanter les personnes, elle a proposé des devinettes, des quiz et puis, zut ! elle s’est souvenue de moi.
- Tibor, toi qui connais de si jolis poèmes, tu pourrais nous en réciter un au micro, a-t-elle lancé bien fort.
La honte ! J’ai senti mes joues s’échauffer !
- Tibor ! Tibor ! ont scandé les personnes pour m’encourager.
Pris au piège, le Tibor !
J’ai récité « Le caillou » de Pierre Coran, un texte très court.
Les gens ont apprécié et Mamy m’a soufflé - récite aussi « La sauterelle »
Ce poème là, je l’aime trop parce que plus tard je veux être un spécialiste des insectes, un « en-to-mo-lo-gis-te » comme j’en ai vu à la télé. Mamy me l’a fait apprendre par cœur et avec des mimiques ce qui m’a valu les applaudissements des retraités.
Quand je suis revenu à ma place, Maëlys m’a décoché un grand sourire. Ouf ! Je n’avais pas été trop ridicule !
Mais déjà nous étions à destination et Mamy a repris le groupe en main.
Visite de la Grand-Place, passage chez le Manneken-Pis et ensuite nous avons fait une pause pour déjeuner librement.
A quatorze heures trente, nous étions à nouveau rassemblés et le chauffeur nous a conduits au Palais Royal. Ce bâtiment est grand, vieux et, bizarrement, le roi n’y vit pas. C’est comme un musée, rempli de choses anciennes. Avec Maëly on a rigolé en douce en voyant les pensionnés s’extasier devant des meubles antiques et des peintures grandes comme un pan de mur du salon. Mais surprise ! J’ai été fasciné de découvrir un plafond et des lustres garnis d’élytres de scarabées aux reflets verts et bleus. Triste aussi, d’imaginer toutes ces petites bêtes sacrifiées pour faire joli.
Après la visite, il a fallu trouver au plus vite l’endroit des toilettes et en attendant que tout le monde y soit passé, Maëlys et moi on a joué dans la cour intérieure jusqu’à ce que Mamy batte le rappel.
- Allons, rassemblement ! L’autocariste nous attend pour le retour !
- Quarante-huit, quarante-neuf… Il manque quelqu’un !
- Qui manque ? a crié Mamy.
Tout le monde a regardé son voisin ou sa voisine et une voix a lancé : c’est madame Janssens.
J’ai vu passer une lueur d’interrogation et de panique dans les yeux de Mamy. Où était madame Janssens ?
- Mamy, de la cour j’ai vu une dame assise sur une chaise dans le grand hall.
De retour au Palais Royal, Mamy et moi nous avons découvert madame Janssens profondément endormie sur sa chaise. Mamy, soulagée, l’a réveillée en douceur et madame Janssens, pas très fière, a rejoint le car sous les regards ironiques des autres retraités.
Quand nous sommes rentrés à la maison, Papy a demandé : quoi de neuf ? Pas de problème, tout s’est bien passé ?
Et Mamy en me faisant un clin d’œil a répondu : pas de problème, Henri, c’était une journée parfaite. Pas vrai Tibor ?
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Publié le 5 Juin 2012
Publié le 20 Mai 2012
Les textes de JACO sont désormais réunis dans un livret.
Je vous invite à le parcourir ici : clic
- Fais attention à toi, Jaco, aujourd’hui c’est le premier avril. Y a du poisson dans l’air !
Publié le 13 Mai 2012
Ce jour là, le métronome m’énervait, m’énervait et tout bas, je disais « schmock, schmock » à chaque
battement comme pour me venger de ne pas pouvoir le jeter à la tête de la prof. « Schmock » et j’ai aperçu, assis sur le tabouret, un autre moi. C’était bizarre et super chouette, je
pouvais entrer, sortir, jouer à la play-station et mon autre moi, lui, jouait du piano. Bien d’ailleurs, très bien. Si bien que la prof avait l’air étonné et qu’elle a dit : «
Bravo, Maximilien, tu as fait d’énormes progrès » C'est depuis lors que Schmock est devenu
mon plus fidèle ami. Il est toujours d’accord pour me remplacer quand je l’appelle.
Mais, zuuut ! aujourd’hui, il n’apparaît pas. Il est peut-être fâché ou bien il en a
assez de vivre ma vie ? Sûr, c’est pas le pied.
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Publié le 3 Avril 2012
Publié le 7 Mars 2012
« Dodo, b’bé do, dormir bientôt »
Plus de pleurs, le jeune enfant intrigué par cette chanson douce s’est calmé. La poussette roule sur les trottoirs dans l’indifférence générale. Pas plus d’attention pour cet équipage que pour les pubs d'un appareil photo futuriste ou d'un parfum musqué. Les regards frôlent son ombre puis se détournent captés par d’autres images.
« Dodo, b’bé do »
La berceuse et le roulis de la poussette font miracle, le bambin s’endort calmement. Face à lui un sourire s’affiche sur une douce face de lune perdue dans son monde. Bien-être au fond d’un cœur pur.
« B’bé do » chantonne la voix émue.
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Les curieux tendent le cou pour ne rien perdre du spectacle. La sirène de l’ambulance s’est tue mais le gyrophare éclaire toujours par à coups la vitrine de la boulangerie-pâtisserie où tout le monde est en émoi. Sur le seuil, le médecin-urgentiste tente en vain de réanimer une jeune femme tombée en syncope parmi des tranches de pain éparses.
Les commentaires vont bon train : « t’as vu comme elle est maigre, fait régime la p'tite dame »
- Elle n’a que son porte-monnaie en poche, pas de papiers sur elle. On l’embarque, dit le médecin fataliste. Déjà les gens s’éparpillent et reprennent leur routine. Dans l’avenue un fourgon de police roulant à vive allure détourne les préoccupations. Banalités urbaines.
- Mon petit, murmure la dame qui lentement reprend ses esprits.
- Calmez-vous Madame, on s’occupe de vous, rassure l’infirmier en refermant les portières de l’ambulance.
De la galerie marchande proche surgit un homme inquiet suivi par un trio de personnes handicapées.
- Où est passé Ludo ?
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Ludo prend le petit sac en toile qui se trouve dans le filet suspendu à la poussette et le dispose comme oreiller sur le banc. Il veut dormir lui aussi. Le parc Josaphat est calme et cette absence de bruit réveille l’enfant qui se met à geindre doucement.
- Pas pleurer bô b’bé, Ludo va encore chanter.
« Dodo, b’bé do, toi dormir bien vite »
« Dodo, b’bé do, dormir bientôt »
Ludo s’est endormi en berçant la poussette. A ses côtés sous un chêne centenaire, l’enfant gazouille en regardant les canards sillonner l’étang proche.
Sur les ondes et sur le Net un avis de recherche d'un petit enfant disparu est lancé. Les médias à l’affût pointent déjà un doigt accusateur sur la négligence d’une jeune mère inconsciente à leurs yeux.
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En quittant l’hôpital accompagnée de policiers une femme effondrée se tord les mains, folle d’inquiétude, tandis qu’au même moment au commissariat un homme signale la disparition d’un des pensionnaires du home « Des Lilas »
Dans le parc Josaphat, une patrouille de police entame sa ronde habituelle.
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