Un peu de mon univers et de ma sensibilité au travers de textes courts
Comme une princesse
Publié le 25 Novembre 2012
Il n'est pas facile de trouver la position idéale pour lire mais là, pour une rare fois, je suis installée comme une princesse. Pas de télé allumée, pas de relégation dans la cuisine où tant de fois ma chaise grinçante partage mes lectures, non, cette après-midi la maison est tout à moi et le divan garni de coussins moelleux est mon Eden, ma terre promise. Ce moment tant attendu je m’en délecte, le savoure comme un caramel mou qui lentement fond dans la bouche et fait saliver de bonheur.
Le livre est d’un petit format, agréable au creux des mains et sur sa couverture La Jeune fille Rebelle, telle Mona Lisa, me fixe de ses yeux énigmatiques. De Vinci ? Oui, c’est bien à lui que l’on doit ce portrait de Ginevra Benci.Déjà les phrases courtes et rythmées m’emmènent, à contrario de ce que suggérait le tableau d’époque Renaissance, vers le cœur du Moyen-âge. Blottie bien au chaud, je frissonne pourtant au centre d’un hiver en tous points semblable à ceux que nous vivons et je suis plongée en totale immersion dans une chambre où se démènent des servantes autour d’une femme en couches. Naissance, enfance, père dur, mère absente, batailles, leçons d’escrime, douleurs, joies ou pertes se succèdent et cette petite fille rebelle se fait attachante au fil des pages. Mes racines ne sont pas loin, les lieux évoqués me sont non pas familiers mais connus et les évocations historiques me ramènent à mon manuel scolaire tant de fois feuilleté avec ravissement. La bataille des éperons d’or, les guildes puissantes mais aussi le port de Bruges ou les épidémies de peste se mêlent à des croyances extravagantes, à des amours contrariés.
De temps à autres, je lève les yeux, regarde se chamailler les moineaux et les mésanges autour de la mangeoire installée sur la terrasse, observe une pie ou une merlette à l’affût d’une croûte de fromage, d’un bout de pomme. Puis à nouveau, d’un grand saut dans l’espace-temps, je m’en retourne à l’ère médiévale.
Mais déjà Marguerite de Flandre quitte le château de Male, déjà d’autres épreuves l’attendent et le livre se referme à regret laissant un état de manque bien présent m’envahir. Et tandis que l’obscurité s’installe peu à peu le goût du caramel fait place à une faim qui tiraille mes neurones.
Alors, étrangement, je me surprends à chantonner "Google, Google es-tu là ? Vas-tu m'en révéler davantage ? "